En quelques mots....Un SIMPLE MATIN d'ETE .
Le soleil pétille entre les aiguilles de pin et argente les feuilles du gros olivier. Il est à peine 6h30 et les premiers oiseaux vocalisent déjà. La nature se réveille. Tout doucement et par étapes, elle se réveille.
Inconsciemment, j’observe, je regarde, je ressens. Captif et contemplatif, je ne pense à rien.
En attendant que les premières cigales chantent, ou plutôt stridulent, soyons précis, dans la fraicheur et la douce lumière de ce matin d’été; immobile dans un transat d’un autre siècle, je me laisse porter par l’instant qui nappe de sa plénitude la moindre particule de l’espace qui m’entoure et je ne pense à rien.
Dans leurs habits multicolores, les chardonnerets élégants, par volées, sont les premiers à venir boire dans la vasque l’eau fraiche que j’ai rempli en premier en sortant de la maison, en attendant, dans un ordre hiérarchique immuable, une ou deux tourterelles aussi habituées à ce point d'eau vital.
Un écureuil vient récupérer une pomme posée la veille au soir dans un mortier bien en évidence sur le muret de la terrasse. Il y vient tous les matins presque à la même heure, empruntant tous les jours exactement le même parcours.
Et pourtant, tous les jours, il réagit avec la même nervosité craintive. Il est aux aguets et en coups de têtes vifs, regarde partout avant de s’approcher avec méfiance. Enfin, convaincu qu’il n’y a plus aucun danger, il pique le fruit avec la dextérité d’un voleur apeuré par la crainte d’être pris en flagrant délit. Et puis, Hip ! Hop ! Il embarque la pomme et la pose au creux de deux grosses branches. Du haut de sa dunette, tout en appréciant le paysage, il déguste tranquille son savoureux larcin.
Les noix et les noisettes c’est bon, mais les pommes c’est tellement plus tendre. Dans un moment, dès qu’il aura terminé en partie son fruit, il redescendra, toujours aussi craintif et nerveux pour boire dans la vasque. Mais on n’en est pas encore là. Pour l’instant il déjeune.
Il m’a vu, mais il s’en fout. De là-haut, inaccessible, il domine et se sent en sécurité. Et puis je ne suis pas un danger. Et ça, il le sait. Les animaux savent tout.
A demi allongé sur mon transat, acteur et spectateur, je vis au milieu des images du film et je ne pense à rien.
Je suis juste rentré dans la maison pour récupérer un crayon et du papier, histoire d’écrire bêtement ce que je vois comme un peintre à son chevalet, comme si je prenais des photos qui passeraient par mes yeux pour se développer sur la feuille blanche. Ou comme si je filmais… je filmais.
En passant, au sortir de la maison, j’ai frôlé à les toucher de la cuisse des feuilles de basilic et de menthe. Leur parfum m’enivre. J’ai même fermé les yeux pour mieux m’en imprégner.
Bonne idée. A midi « Pates au pistou ». Je n’aime pas le mot basilic. Ca fait plastic. Mais le pistou… Waouh ! À part ça, je ne pense à rien.
Je ne pense à rien… Vraiment? Si, c’est faux. Depuis quelques minutes je pense à toi. Ton visage s’interpose dans la lumière qui traverse le raisin de la treille et les abeilles qui butinent les fleurs de Marjolaine.
Je ne t’imagine pas ; je te vois. Tu passes par flaches. Tu souris et puis ton regard se baisse et ton visage se ferme. Tu penses si fort que tu as posé une main sur ta bouche comme si tu voulais retenir des mots avant qu’ils ne t’échappent et trahissent tes pensées. Le temps s’égrène sur des images de toi et de la nature qui se mêlent et que le soleil caresse.
Tu souris à nouveau. Tu réfléchis. Ça se lit dans tes yeux et tes doigts que tu tricotes…et puis ton visage disparait dans le bleu du ciel … un bleu dont aucun peintre ne percera jamais le secret des pigments pour atteindre une telle perfection.
Ton visage a disparu, mais je continue à penser à toi. A toi, à tes soucis, tes tracas, tes bobos. La force qui t’anime au regard de la fragilité qui t’habille.
Je pense à toi, mais tu ne le sais pas. Mais au fond, qu’importe. La vie réalise devant moi une superproduction en technicolor, en douceur et tendresse…
A cette heure, tu dors encore. Je passerais discrètement et sans bruits, peut-être dans l’un de tes derniers rêves. Ceux dont on aimerait se souvenir, mais qui malgré tous nos efforts, disparaissent dans les premières secondes du réveil. Non tu ne te souviendras pas de mon passage dans ton rêve, par un joli matin d’été une mésange posée au creux de mon épaule.
Ainsi Va la vie….
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