En quelques mots....Une longue Balade en bord de mer avec Chrystelle LABAUDE
Une longue Balade en bord de mer avec
Chrystelle LABAUDE
Le petit port de Sausset les pins ressemble peu aux autres petits ports de la côte bleue. Il est fermé sur lui-même très fermé. Nous marchons le long du quai tout en faisant connaissance. Elle est mince très mince et sa silhouette filiforme gainée dans un long manteau de laine bleu la fait paraitre plus grande encore qu’elle ne l’est déjà. J’essaie de m’écarter pour la regarder marcher avec un peu de recul, de distance, mais je crains qu’elle ne ressente le poids de mon regard comme j’ai ressenti le sien précédemment. Par sa finesse, sa démarche et son élégance elle me rappelle Barbara la longue dame brune. Mais cette comparaison est facile. A bien y réfléchir même avec sa façon si particulière de relever les yeux sans relever la tête pour vous chercher discrètement derrière un léger sourire Chrystelle ressemble à Chrystelle. Une élégance et une présence à la fois forte et discrète.
Elle s’est protégée les cordes vocales du froid, invoquant leur grande utilité, en nouant autour de son cou une très belle échappe chamarrée qui met encore plus son visage en relief. Sous sa crinière châtain aux reflets roux, le teint halé de la peau de son visage irradie. Elle a un charme fou et je lui avoue. Ce teint qui n’est dû qu’aux taches de rousseurs me rappelle les mots d’une chanson :
Et des taches de rouille agrémentaient son corps
Comme si ses parents l’avaient laissée dehors
Trop longtemps sous la pluie….
Le bonheur est fragile…
Et quelques confidences plus loin me démontreront que les mots de la chanson frôlent la vérité.
Au milieu de notre balade au bord du quai, on s’arrête pour s’asseoir sur un banc. L’air est froid mais pas l’ambiance. Et la discussion toute en nuances qui doit me permettre d’écrire mon article se poursuit.
Nous parlons de l’enfance, de ce qu’elle nomme des égratignures qui vous suivent toutes votre vie alors qu’il s’agit de blessures profondes. De son inscription au conservatoire trop chère, elle fera sans. Rien n’est insignifiant sur le chemin de sa vie au contraire; ni les déceptions, ni les réussites. Et plutôt que de s’appesantir ; elle rebondit et joue d’un regard, d’un sourire, d’une grimace. L’amitié à une place prépondérante elle fait confiance même si elle se souvient de quelques revers cinglants. On parle de la vie, de l’avenir, de l’amour. De l'Amour et de ses douleurs sentimentales qui s’atténuent. Là, j’acquiesce mais j’ai un peu de mal à la croire. Avec pudeur, parfois elle survole mais n’évince aucuns sujets. Elle parle du regard des autres et des difficultés de ce métier dès l’apparition des premières rides... Elle parle aussi des comédiennes et ho ! Surprise elle n’accable personne, elle justifie, elle explique, elle encense même. Ca me change de certaines actrices qui se sentent obligées de tailler des costumes pour l’hiver à tout leur entourage. Pour qu’elle se libère ou se laisse aller à la confidence je lui raconte des parts de ma propre vie et notre discussion se transforme en partage. Un partage où nous savons que certains secrets sont de polichinelle mais qu’ils doivent exister comme de fragiles remparts. Nous retournons vers sa carrière, ses dix ans dans la série policière et ses débuts.
Le garçon de Claude Sautet, Tir à vue de Marc Angelo, L’amour en douce d’Edouard Molinaro, Le cowboy de Lautner… ses dizaines de rôles dans des séries télé et surtout ce besoin viscéral de remonter sur scène. Le théâtre lui manque.
Nous avons déserté le banc et sa vue imprenable sur la mer pour la chaleur du premier café venu. Même en marchant, nous n’arrêtons pas de parler, de rire, de nous émouvoir, de nous moquer même… bref de vivre. Et puis nous parlons chansons. Elle évoque Reggiani ses textes, de ce qu’elle ressent à son écoute, d’un projet... Je la laisse parler. Surtout ne pas l’interrompre. J’écoute sa voix. Je n’ai pas ressenti ça depuis Simone Signoret. Une voix exceptionnelle autant dans la musique que par le grain. Ses mots peuvent pianoter sur des aigües dans une course vive avec cet accent sans accent typiquement parisien puis glisser vers des graves souples et doux, sans heurts ni rocailles. Une voix grave mais douce entre satin et velours.
Je pourrais vous raconter tant de choses après cet entretien, que mon article déjà long vous paraîtrait interminable. Mais vous en lasseriez-vous ? Peut-être pas.
En conclusion ce fut une formidable rencontre. Une petite balade au bord de l’eau et sur le fil des mots ; un voyage à fleur de cœur. Juste à fleur de cœur d’une comédienne. Une comédienne mais surtout d’une femme. Une femme dont la bonté d’âme et la beauté intérieure est largement à la hauteur de son talent.
Si je n’avais que trois mots pour qualifier en dehors de son charme et de l’évidence de son talent j’évoquerais sa sincérité, son immense générosité et sa gentillesse.
Une belle, très belle rencontre ! avec une belle, très belle personne.
Merci Chrystelle.
Williams Franceschi
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