Ainsi va la vie… épisode n°79… IL SUFISAIT d’y CROIRE
Est-ce ma propre histoire qui sert de trame à l'écriture de ce texte? (Comme de bien d'autres d'ailleurs). Peut-être que oui! Peut-être que non! C'est le propre d'un auteur que de vous laisser planer dans ce doute et même de vous convaincre que les faits sont à la fois réels et personnels... Mais un peu à la manière dont le disait Brel, il m'arrive aussi, d'avoir mal aux autres..
De bonheurs en bonheurs, de plaisirs en galères, de coups de cœur en déceptions après de longs parcours allant de routes escarpées et sinueuses devenues chaotiques en chemins plats et ensoleillés; un jour boum ! …Le temps s’arrête.
Le calme fait place aux remous. L’ombre protectrice des forêts et l’espace de liberté des champs de fleurs se transforment en désert. Les abeilles ont quitté les coquelicots pour ce désert immense qui ne laisse présager aucun oasis, aucun point d’eau.
Lentement, comme un fait irrémédiable le cœur se dessèche. On s’habitue, on s’adapte, juste pour vivre ? Non ! Juste pour survivre et l’on se demande de plus en plus souvent pourquoi et pour qui. A croire que sur le grain notre peau seuls les vents froids et secs oseront désormais glisser leurs ultimes caresses.
Désormais le présent se vit sur les traces d'un passé que l'on s'injecte à haute dose en feuilletant un vieil album photos. On fait semblant, on joue, on ne montre plus notre vrai visage et les souvenirs ne marquent plus, même en pointillés, de départs vers un nouvel avenir. Le temps s’est arrêté. Nous sommes vivant mais… mais seul.
Seul, debout, immobile, insensible à tout. Seul devant des problèmes simples auquel il répondait avant que vous ne lui posiez aucune question. Seul assis derrière une tasse, une seule tasse, à la terrasse d'un café en se donnant une certaine constance comme si l'on attendait quelqu'un. Seul devant ce verre de Whisky ou de vin blanc qui n'a plus le même gout en écoutant ce disque que nous aimions tant. Seul devant cet écran qui remplit l'espace comme un compagnon utile et bruyant. Seul dans ce grand lit froid qui se réchauffe en fermant les yeux sur des images furtives et charnelles qui deviennent sensuelles, sexuelles et brulantes et que nous gardons pudiquement secrètes. Seul à des heures où tout se joue à deux.
Seul à regarder la mer où l’on est allé se ressourcer ; pensant que devant cette immensité nos idées noires s’éclairciraient. Que nos idées noires se noieraient entre le ciel et les vagues avant de nager comme ces grands oiseaux en déployant leurs ailes au-dessus de tout ça. Et l’on est là, seul, debout, immobile, le regard braqué vers cet horizon sans fin caressé par des embruns que malgré leur fraicheur on ne sent même plus. On n’a même plus la tête ailleurs. On a la tête vide.
Et puis dans ces bleus qui se mélangent entre le ciel et l’eau apparait translucide puis de plus en plus distinctement en fermant les yeux que l’on se force à garder ouvert ; un visage, un sourire, un geste, une expression. Ces images nous brulent les yeux et la mémoire. Elles nous brulent plus encore que ce soleil couchant qui dessine sur notre visage dans son embrasement un étrange masque de guerre sang et or.
Le temps s’est arrêté. Mais ce sourire et ce visage resurgissent quand on s’y attend le moins. Quand justement on voudrait ne plus y penser. Consciemment ou inconsciemment on cherche à la fois à les oublier et à les retenir.
Les images passent comme des cartes postales. On ferme à nouveau les yeux. On ne voit plus cette mer et ce soleil ; juste la violence de sa lumière à travers la membrane diaphane de nos paupières. Le temps ne fait rien à l’affaire. Inlassablement le passé revient comme un boomerang.
On n’en est plus à se poser des tonnes de questions sans réponses, toujours les mêmes que l’on ressassait. Les « pourquoi » les « comment » n’ont déjà plus cours. Ces phases pleines d’interrogations qui ont hanté nos nuits blanches, ces phases sont dépassées, has been, obsolètes, on ne reviendra pas en arrière. C’est ce que l’on croit presque à s’en convaincre ; presque… Même si parfois ces phases reviennent s’immiscer dans le sel d’une larme qu’on oublie d’essuyer. Ces phrases à la fois si personnelles et communes à tous ceux qui vivent notre situation. Elles reviennent dans un murmure où l’on se parle seul. Ces phrase, ces questions, elles reviennent se poser délicatement sur nos lèvres comme un papillon qui regrette sa chrysalide.
Le temps s’est arrêté et pourtant la vie doit continuer. Quelle qu'en soit les causes et les raisons le temps s'est arrêté
Qu'ils soient partis trop tôt, qu'ils soient partis trop loin rien jamais ne remplace les êtres chers a nos cœurs. D'ailleurs doit-on chercher à remplacer quiconque? De toutes manières Les grands amours sont immortels. Et même en tournant la page, ils resteront gravés en nous éternellement.
Quand ils sont partis trop loin l'espoir subsiste. Le retour n'est pas impossible. Dans la vie; et tant qu'il y a de la vie rien n'est impossible même si l'attente est longue et le silence assourdissant.
Et puis parfois rien n'est aussi simple que ce que je viens d'énoncer... et je sais aussi que parfois...
Parfois il y aura, mais pas toujours, quelques aventures volontairement sans lendemain. Aventures que l'on vivra en jouant la désinvolture mais qui se teinteront, même si l'on trouve ça idiot, d'une certaine culpabilité. Etait-ce pour mieux tourner la page ou pour pimenter le quotidien ? On s’interroge encore quand on ne les a pas oubliées aussitôt. Leurs gouts furent sans saveurs et pire sans odeurs.
Il y aura aussi quelques essais sans convictions et d’autres sans espoirs. Et à chaque désillusion la morsure deviendra plus profonde, comme si à chaque fois l’envie et le besoin n’aboutissait qu’à poser du sel sur les blessures.
La passion n’y est plus. Comme si ce visage qui revient sans cesse avait définitivement fermé de lourdes portes infranchissables vers un autre visage. Comme si par sa présence il brouillait toutes les envies de regarder ailleurs.
On en est même arrivé à cultiver ce chagrin qui nous mine comme une maladie qui pourrait être mortelle si on ne la voulait pas guérissable. Car tout dépend de nous. Et faute de les écrire, on se passe en boucle la moindre chanson triste qui se voudrait par son texte ou son climat le reflet sombre de notre propre histoire. Comme si l’on voulait soigner la douleur par la douleur.
On n’y croit plus… On n’y croit plus et pourtant !...
Et pourtant un jour, alors que les miroirs nous renvoient une image de nous-même que l’on déteste. Qu’il nous semblait avoir touché le fond et ne plus pouvoir se décoller de cette vase qui enserrait nos pieds et nous empêchait de refaire surface. Un jour, un homme… une femme… les couleurs et le parfum de l’amour nous entrainent dans leurs effluves.
Au détour d’un sourire, au détour d’un regard on sait que c’est lui, on sait que cette elle. On ne veut pas y croire mais on sait ! Et là ! Les choses vont vite, très vite… il suffisait d’y croire !
Les idées noires s’éclairent. Le passé réapparait toujours mais de plus en plus flou. Et les larmes sont désormais chargées d’espoir. Pour un mois, pour un an, pour la vie… qu’importe.
Un jour, au détour d’un regard, dans la douceur d’un sourire quelque chose s’écrit en espoir majuscule.
Il suffisait d’y croire
Ainsi va la vie…
(A suivre...)
Williams Franceschi
Conseils de la semaine:
Evidement le roman d' Evelyne Dress: La maison de Pétichet
et si vous ne l'avez déjà lu: Moi vieillir plutôt crever de Sophie Darel
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