Ainsi Va la vie... épisode n°290... Il n'a rien oublié !
Mais non je ne vous oublie pas. D’ailleurs aujourd’hui, entre deux corrections, trois relectures, quatre mises en pages et tout quanti qui n’en finissent pas plus, deux articles et quelques bricoles inattendues dans ma vie de tous les jours qui vous pompent une énergie folle, je vous ai pondu une petite bafouille.
Il faut vous dire, mais…approchez-vous plus près de l’écran, je ne peux pas l’écrire trop fort, et surtout je compte sur vous, ne le répétez pas, une amie très chère doit elle aussi travailler d’urgence devant son écran et évidemment nous sommes toujours distraits par des futilités. Donc, bonne résolution, depuis quelques jours la tête dans le guidon !!! On ne regarde que la route !! et tant pis pour le joli+ paysage. Sinon on n’y arrivera jamais. Evidemment, comme je l’ai mise au défi de ne même pas me répondre si je l’appelais… Faut que je montre l’exemple. Sauf que, je me demande si ça n’est pas plus dur pour moi que pour elle ? Mais ça c’est une autre histoire. Donc, revenons à ma petite bafouille elle s’intitule :
Il n’a rien oublié.
La radio de la salle de bain, après quelques infos à vous plomber le moral pour huit jours dans sa noirceur aux profondeurs abyssales, aurait dû à cette heure très matinale, programmer des musiques à réveiller les morts ou au moins à booster les auditeurs vers un réveil tout en positivité. Mais contrairement à toutes attentes logiques, c’est la chanson de Charles Aznavour « Non je n’ai rien oublié » qui remplit l’espace et enveloppa Sam dans le velouté de son atmosphère nostalgique.
Les mots sur cette musique, comme un gaz aux vertus inconnues, le ramenèrent à son propre vécu tout en ralentissant ses mouvements, comme si son corps se refusait à contrarier par la brutalité l’émotion qui le traversait. Cette chanson qu’il connaissait presque par cœur, ce matin-là l’éclairait d’une autre lumière. Son regard perdu dans le sien en renvoi dans le miroir légèrement embué, en floutant son image, lui offrait une photo rajeunie ou la vapeur d’eau avait provisoirement gommé les stigmates du temps sur cette peau redevenue presque lisse.
« Non, je n’ai rien oublié ! » Et c’était le cas. Même après si longtemps. Il se souvenait de cette jeune fille aux galbes de femmes qui se lovait contre lui dans ce champ d’herbes folles aux senteurs de fleurs sauvages. Ils étaient amoureux, amoureux fous. Il se souvenait des kilomètres à pied, juste pour la retrouver à l’abri d’une porte cochère l’espace d’un baiser. Le temps n’avait rien altéré. Peut-être même que les années avaient bonifié, jusqu’à l’embellir, ce doux tableau romantique.
Que reste-t-il de nos amours ? Une photo belle photo de ma jeunesse. La photo n’avait jamais été prise et pourtant elle subsistait. Du son de sa voix aux lueurs de ses yeux, du chant de son rire à l’odeur de sa peau, en fermant les yeux, rien ne lui manquait. Rien ! Sauf elle. Que seraient-ils devenus si la vie s’était comportée mieux ? Les raisons de leur éloignement, puis de leur séparation, étaient exactement les mêmes que celles évoquées dans les paroles de la chanson. Des raisons communes à des milliers de gens. Des raisons banales et tellement stupides. Jeunesse… Quiproquo… incompréhension… conflits de générations… parents plus raides que la justice… situation d’une autre époque… la vie, tout simplement la vie. La vie qui nous entraine, nous guide et nous pousse, alors qu’on croit la maitriser et qu’on regrette de ne pas avoir su, pu ou suffisamment voulu, la tracer par nous même plutôt que de la subir…
Oui, tout ressemblait à s'y méprendre aux raisons de cette chanson. Sauf qu’il aurait aimé que la suite, comme dans la chanson, se réalise. Qu’il la retrouve, la revoit, s’expliquer et peut-être… Comme a la fin de la chanson, qu’il l’invite à aller boire un verre… mais il était trop tard. Et c’était… il y a si longtemps. A quoi bon les regrets puisqu’on n’y peut rien changer. Ca ne l’empêche pas parfois, pas toujours, pas souvent, d’y repenser. D’y repenser moins par nostalgie qu’à cause de petits pincements, toujours les mêmes.
Depuis, la vie a continué son cours… D’autres amours lui ont prouvé qu’on n’aime jamais deux fois pareil… D’autres chagrins lui ont prouvé aussi, qu’on ne connait pas vraiment les limites du supportable et des risques que certaines douleurs peuvent engendrer. Qu’en Amour, les apparences ne sont le plus souvent que des masques de « Pierrot qui rit », qui cachent des visages de « Pierrot qui pleure ». Mais… non il n’a rien oublié.
Et pourtant, mais, là il essaie de ne jamais y réfléchir pour laisser le rêve dominer la possible réalité, si l’histoire avait pu s’écrire; qui sait si elle aurait été aussi idyllique à long terme que le début le laissait présager ? Peut-être. Peut-être pas. Qui peut savoir ? Alors, il n’en parle jamais. Il garde au fond de son cœur les plus beaux instants et les images immortelles qu’ils font ressurgir.
Il n’en parle jamais. Mais pour Sam, une chance qu’il soit romancier, peut-être qu’un jour, au gré d’un roman, il se libèrera de cette belle et quelque peu, triste histoire. Il osera, dans un flou qui en occultera le fond autobiographique, donner une part de son âme à un personnage pour aller, comme dans la chanson, boire un dernier verre... « Même après si longtemps »
Ainsi Va la Vie…
Williams Franceschi
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