Ainsi Va la Vie... épisode n° 239... Séparation?... RUPTURE?... Simple breack ?...
Séparation?.. RUPTURE?.. Simple break ?
Trois ans d’absence, trois ans d’abstinence. Ils s’étaient quittés fâchés, fâchés en apparence. Mais en silence, chacun avait espéré et espérait encore que ce passage douloureux ne serait que provisoire. Car de définitif, rien ne pouvait l’être à part leur amour. Un amour indéfectible. Solide au point de leur laisser croire que ces liens, qui n’étaient en fait que des chaines de coton, les emprisonnaient.
Cette rupture ne serait qu’un break se répétaient-ils chacun de leur coté comme pour mieux s'en convaincre. Un break salutaire, un bol d’air, un grand bol d’air frais. Et même, si comme toujours, certains mots avaient dépassé leurs pensées, même s’ils s’étaient jurés le contraire, il n’y croyait pas. Il n’y avait jamais cru et pourtant cette séparation, ce premier pas vers l’inconnu qu’ils n’auraient jamais pensé imaginable, ce pas, il l’avait franchi et depuis trois ans déjà. Eux les inséparables, comme ces oiseaux qu’on n’imagine pas l’un sans l’autre, ils s’étaient séparés.
Et pourtant, dans leur besoin de liberté, comme il l’avait clamé, ils ne succombèrent à aucune tentation. Trois ans à peine ou trois ans déjà. Trois ans ; c’est long et c’est court. Et certains soirs ; c’est interminable.
Cliché classique de gens qui se repoussent, se rejettent, jouent du déni d’amour et ne peuvent pourtant se passer l’un de l’autre.
Au début, comme si pour partir du bon pied il avait fallu impérativement faire table rase du passé, du vécu et des souvenirs, ils avaient supprimé à grand renfort de ratures et de coups de gommes à effacer la mémoire des chapitres entier du manuscrit de leur belle histoire. Et pour justifier l’irrémédiable décision, ils élevaient en murailles infranchissables et incontournables quelques minuscules instants négatifs, occultant ainsi de merveilleuses périodes comme si elles n’avaient été que des instants futiles et sans importance notable.
Maintenant, le pire était derrière eux. Et le présent, comme l’avenir, s’éclairerait désormais différemment. Ils allaient pouvoir enfin, chacun de leur côté et sans se concerter, explorer une nouvelle vie. Une vie où ils seraient libres. Libres de voir, d’essayer, d’expérimenter, les choses autrement. Libres ! Et ce fut le cas. Enfin presque.
Libre d’exister et de se réaliser seul sans avoir de comptes à rendre à quiconque. Libre, sans se sentir obligé de sécuriser le moindre choix à grands renforts d’avis et d’opinions. Libre! Libre aussi, peut-être de rencontrer quelqu'un d’autre. Quelqu’un de différent, quelqu’un de… Qui peut savoir ce que la vie nous réserve?
Mais cette idée de rencontre, de nouveau départ sentimental, affectif ou sexuel, si cette idée leur avait frôlé l’esprit avant leur rupture comme un raison possible et valable, non seulement elle s’était presque totalement évaporée au fil des jours, mais lorsqu’ils y songeaient, c’était surtout en s’inquiétant ou en s’interrogeant sur le devenir de l’autre. Et pour une infime part, de l’autre dans les bras d’un autre. Même si, même si, il serait faux d’affirmer qu’ils n’y pensaient jamais, leurs inquiétudes étaient plus bienveillantes qu’infectées par un quelconque virus de jalousie. Et réciproquement, même s’ils le cherchaient sans en faire un objectif absolu, ils ne trouvaient pas le repos de l’oubli.
D’après elle, en imaginant son avenir à lui, tout paraissait simple et facile. Il avait été sollicité avant, pendant et il le serait certainement après; elle n’en doutait pas. Et dans la clarté de son regard et de son jeu de femme qui se voulait indifférente, une ombre légère aux infimes reflets de jalousie justement, accentuait le relief de ses certitudes.
D’après lui, en imaginant son avenir à elle, son besoin de vivre seule et sans contraintes dépassait allégrement, même si ça n’était pas incompatible, son envie de refaire sa vie. Elle avait eu le sentiment d’étouffer. Et elle avait étouffé à cause de lui culpabilisait-il. Il fallait qu’elle respire. Ce bol d’air et ce besoin d’espace, elle en avait un besoin vital. C’est du moins ce qu’il imaginait qu’elle imaginait.
Bien sûr il l’aimait, ils s’aimaient encore et peut-être plus que jamais mais la vie en avait décidé autrement. De toutes manières, quoi qu’il arrive, il serait toujours là et il savait qu’elle le savait.
Ils avaient voulu être libres; désormais ils l’étaient. Mais sauraient-ils être libres, s’ils ne se sentaient pas libérés?
Elle, se délesta très vite de son ombre. L’ombre de cet autre comme elle se plaisait à l’appeler en essayant en vain de s’en éloigner. Une ombre qui au début, malgré la distance qui les séparait, la suivait comme la sienne à s’y confondre.
Et lui, contrairement à ce qu’elle aurait pu croire, ne donna jamais l’impression de se moquer de cette rupture comme de sa première chemise, bien au contraire. Au fond, se disait-il, elle est bien plus forte que moi. Elle est d’acier je suis d’argile.
Elle qui avait toujours donné l’impression de ne jamais pouvoir se passer de lui. Elle si fragile et lui si protecteur bienveillant, présent, prêt à tout et qui évitait de soulever la réciproque le concernant pour ne pas l’inquiéter. Et elle, au mépris de tout ça, se disait et répéter à qui voulait l’entendre qu’elle pouvait s’en passer. Elle ferait autrement, différemment. Avant lui elle s’était toujours dépatouillée de tout, toute seule, après lui elle se débrouillerait encore. Sa vie ne s’arrêterait pas à la présence d’un homme.
Oui, il avait raison, en apparence elle était bien plus forte que lui. En apparence.
Mais peu à peu, malgré cette force qui ne présentait aucunes failles, certaines heures lui parurent plus longues et plus vides que d’autres. Peu à peu son enfermement dans ce nouvel appartement où elle disait se sentir si bien n’eut que des murs pour seul horizon. Et les heures à tourner en rond en robe de chambre ou en pyjama, à peaufiner un ménage qui ne souffrait d’aucun grain de poussière superflu se multiplièrent à l’infini.
Les quelques séances de cinéma où elle s’adressa au siège vide à côté d’elle la vaccinèrent des salles obscures. Et par ricochet, les cafés ou les restaurants où elle n’alla plus sans être accompagnée par crainte de s’adresser à un fantôme sur la chaise vide ou de commander deux cafés par habitude avant de lire, dans le regard du serveur, une interrogation flagrante sur sa santé mentale.
Elle, si coquette, s’entretenait désormais sans chercher à plaire. Juste le strict minimum pour ne pas ressembler à rien comme elle le confessait au miroir embué de la salle de bain.
Et lui, s’il ne tournait pas en rond, faisait les cent pas aux abords du téléphone fixe ou de son portable bien en évidence sur une table à portée de main. Terrible torture. Terrible torture que ce téléphone qu’il détestait et pourtant espérait entendre sonner, faute de s’autoriser à composer un numéro qu’il avait fini par connaitre par cœur sans jamais laisser ses doigts transposer ces chiffres qui chantaient dans sa tête.
– Arrête! Hurlait-il parfois d’une voix intérieure avant qu’elle ne franchisse le seuil de sa bouche ; tu vas finir par user le parquet. Mais ce risque surévalué, qu’il se répétait quotidiennement, ne l’empêchait pas de réitérer comme une procession sa danse indienne en prière à l’appel téléphonique avant de capituler et de s’enfermer dans son bureau pour commencer une lettre. Une lettre, qui comme des dizaines d’autres, terminerait en boule au fond de la corbeille sans être introduite dans une quelconque enveloppe restée vierge. Enveloppe qu’il observait sous toutes les coutures de sa blancheur avant de méticuleusement la ranger inexorablement dans le même tiroir.
Contrairement à elle, s’il s’autorisait encore quelques rares restaurants en solitaire, il ne rentrait plus dans aucuns lieux qui leur avaient été familiers et évitait toutes discussions avec des amis communs. Et si au hasard d’une rencontre il s’y trouvait confronté, il coupait court en prétextant un quelconque rendez-vous ou une obligation impérieuse.
Dans cette solitude voulue, devenue pesante, il lui arrivait souvent, à l’abri de tout regard de pleurer. Pleurer seul sans que son orgueil n’en prenne un coup. Pleurer sur son sort ou sur son absence. Il pleurait comme si ces gouttes salées en roulant sur ses joues le libéraient d’un poids tout en l’enfonçant malgré lui plus profondément encore dans la désespérance. Pleurer comme si la douleur pouvait se diluer dans le flot de l’eau des larmes.
Lui qui avait horreur de ça, faillit même se faire tatouer son prénom sur l’épaule. Un prénom noyé mais surexposé dans les volutes d’un lys sa fleur préférée. Il en esquissa même l’ébauche au crayon. Un tatouage !? Comme si par cette trace indélébile, il avait pu prouver que ne plus se savoir dans son cœur ne l’empêchait pas de l’avoir dans la peau au sens propre comme au figuré.
La liberté engendre la solitude. Et la solitude, n’en déplaise à Georges Moustaki qui la chantait si bien, est loin d’être une amie. Non, la solitude c’est la pire des compagnes. Et cette constatation, ils auraient pu l’affirmer chacun de leur côté sans se concerter.
– Tu m’oublieras! Tu verras tu m’oublieras lui avait-elle gentiment affirmé le jour de son départ.
Elle lui avait jeté ce « Tu m’oublieras » derrière un sourire attendri et forcé, mais jeté comme on claque une porte en gifle majuscule. Il aurait voulu lui répondre :
– Toi aussi, tu verras, tu m’oublieras. Et en même temps qu’il prononçait ces mots, il pensa aux myosotis, cette petite fleurs bleue symbole de l’amour éternel et à cette histoire qu’il lui avait certainement déjà raconté parmi tant d’autres, de cet homme amoureux, qui en cueillant des myosotis au bord d’un fleuve pour sa dame, tomba à l’eau et qui lui cria de ne pas l’oublier alors qu’il était emporté par les flots. Toi aussi…Tu m’oublieras… tu verras alors qu’il pensait : Ne m’oublie pas ! Mais ces mots qu’il n’espérait pas, ne franchirent jamais le quai de ses lèvres. Il espérait tellement que cette prédiction ne se réalise jamais. « Tu m’oublieras » raisonnait dans sa tête. Et chaque syllabes de chaque mot devenues sourdes et cotonneuses tapissaient de nuages sa blessure ouverte et l’obligeait au silence. Ces silences qui parlent si fort et vous pénètrent si profondément qu’on se demande si on vit encore dans un étrange rêve ou si la mort nous a déjà emporté dans ses profondeurs obscures.
Ils s’étaient rencontrés en pleine cinquantaine avec chacun dans leur bagage un long et lourd vécu et ils s’étaient séparés presque dix ans plus tard. Ils n’étaient plus ni l’un ni l’autre dans la fleur de l’âge mais loin encore et c’est ainsi qu’ils le vivaient, du cap où l’amour se transforme en tendresse, uniquement en tendresse.
Mais depuis trois ans, l’un sans l’autre ils se la jouaient besoin charnel néant et libido morne plaine.
– Je n’y pense même pas mentait-elle à des copines curieuses de comparer, sans l’avouer, leurs situations à la sienne. Et pourtant, rajoutait-elle d’une moue friponne en laissant planer un doute qui sous-entendait sans ambiguïté que si elle voulait ou si elle avait voulu!... Ce n’était pas totalement faux, mais ce n’était pas totalement vrai non plus.
Elle affirmait avec une vigueur trop évidente que c’était son choix et celui de son corps. Et qu’elle le vivait en parfait accord avec elle-même.
– Foutaise! lui aurait-il lancé en aparté et en toute discrétion, s’il avait pu être le témoin invisible de ces mini déballages entre femmes.
De son côté les opportunités furent réellement plus nombreuses. Mais, soit il ne les remarquait pas, soit pire encore, rien, même les plus évidentes avances, ne l’atteignaient.
Et puis un jour, c’est toujours étrange les concordances dans l’arrivée de situations similaires … alors que justement il avait décidé de ne plus user ses pantoufles dans sa danse rituelle et monotone autour de son totem de torture muet ; le téléphone sonna.
Aux premiers bips lancinants, comme s’il avait eu une vision extralucide sonore, il savait. Il savait que c’était elle.
Elle essaya de lui expliquer en quelques mots précipités, comme si la ligne allait prendre feu si elle ne se dépêchait pas, les raisons trop détaillées pour être fausses et trop vagues pour être totalement vraies, de sa présence dans les parages d’ici à quelques jours et l’occasion exceptionnelle de se revoir.
Sur ce premier appel, il s’attendait à ce qu’elle joue les vierges effarouchées et le mette en garde avec les sempiternels :
– C’est juste pour se voir, je n’aurais pas beaucoup de temps, ne va pas t’imaginer… Non ne va pas t’imaginer… Et comme justement, et depuis quelques jours seulement, il ne s’imaginait plus rien et elle le sentit avec un zeste de déception. Une déception que sa voix trahit bien malgré elle et lui évita l’inutile montagne de mises en garde, sur d’éventuels débordements, vieux comme le monde et usés jusqu’à la corde. Mais débordements qu’elle aurait espérés quand même. Paradoxe bien connu.
Ils avaient simplement une folle envie de se revoir et une envie secrète et non avouée l’un de l’autre qui enfla jusqu’à la démesure au fil des mots. Des mots qui se métamorphosèrent du banal au caressant et passant du grave au langoureux comme s’ils avaient eu besoin de se conforter dans la certitude de la réciprocité de cette envie commune. Une envie sans fard qui aurait pu brûler la ligne et le combiné s’ils s’étaient laissés aller à avouer tout ce qu’ils ressentaient et que leurs corps plus chauds, pour ne pas dire plus brulants que jamais, étaient loin d’ignorer.
Mais…. Mais, Et si leurs corps avaient oublié?
Trois ans sans se voir, sans communiquer ou juste pour régler des obligations sans grande poésie. Et puis ce téléphone autour duquel il ne faisait plus les cent pas sonna tous les jours quand ce ne fut pas matin midi et soir.
Désormais ; ils s’appelaient, Ils partageaient leur quotidien, leurs tracas, leurs instants des plus insolites aux plus banals. Ils partageaient le manque sans le révéler mais le comblait en tissant des cocons en fil de voix.
Ces fils doux et plus solides que des câbles d’acier les liaient à nouveau et les enrobaient comme avant.
Tout se présentait sous les meilleurs auspices sauf que… Trois ans sans se voir et elle lui précise froidement une semaine avant ce qu’il avait pris pour des retrouvailles ; qu’ils se verront justes quelques heures, quand elle pourra, entre deux visites chez des parents, des amis, des relations, qu’elle n’a pas revus depuis son départ.
Ouf ! Le monde s’écroulait! Il reçut cette info comme un coup de poing à lui couper le souffle. Non, elle ne revenait pas pour lui… rien que pour lui. Il aurait tant aimé mais non! Elle ne pourra lui accorder qu’une ou deux visites parmi tant d’autres. Il ne vaut pas, ou plus, que quelques heures entre deux rendez-vous sur un planning chargé. Etrange retournement.
Etait-il déçu ? Terriblement ou Même pas. Il encaissa sans broncher comme il avait toujours su le faire. En d’autre temps il aurait pu s’emporter. Mais là, impassible il l’écoutait.
Et si, il s’inventait un prétexte pour ne pas la revoir malgré l’envie contraire qui le tenaillait? Un voyage prévu de longue date avec pour conclure le sacro-saint : Çà tombe mal, à cette date je ne serais pas là !
Il s’était trompé. Elle n’était pas revenue sur ses positions malgré les mots doux qu’il avait pris pour argent comptant. Non, il était seul à attendre, à espérer, à croire. Elle, elle s’en foutait. Il rêva d’écrabouiller ses sentiments comme une boule de papier dans le creux de la main avant de la jeter au feu pour ne plus être tenté de la défroisser. Mais c’était impossible. Il l’aime. Il l’aime encore et toujours. L’amour c’est fou ! C’est fou et c’est con ! Alors, il lui laissa croire que tout lui convenait. Peut-être que cette visite lui permettrait de tourner définitivement la page ou d’écrire une suite… Il prendrait les événements comme ils se présenteraient ; advienne que pourra.
…………………………
En ce début d’après-midi le soleil brillait sur la petite place du rendez-vous et les rues vides de vie sous la chaleur harassante offraient l’image carte postale d’une vieille ville fantôme où le temps s’est arrêté. Il ne manquait plus que quelques boules d’épines poussées par le vent pour se croire dans un western.
Avant d’y arriver, au volant de sa voiture, il imaginait. Il imaginait que comme à son habitude elle serait en retard. Et que comme à son habitude elle lui expliquerait dans les moindres détails les raisons exactes et imparables de ce retard pardonnable. Qu’il l’aimait en robe et que bien sûr, elle serait en jean. Qu’il l’aimait dans son infinie féminité et qu’elle serait maquillée au minimum. Et comme le disait si bien une star ; juste habillée de quelques gouttes de son parfum. Il imaginait.
A 15heure précise, sous un soleil qui n’avait pas faibli au-dessus de la petite place, il commença à garer sa voiture. Avant qu’il n’ait terminé son créneau, comme une apparition dans son rétro, il repéra sa silhouette. Elle l’avait repéré aussi et elle marchait vers lui comme à son habitude en regardant ses pieds.
Les vibrations de l’air chaud en ondulant autour d’elle donnaient à son image l’impression de sortir de terre ou de s’évaporait d’un rêve.
– Pas en retard, presque en avance se sourit-il en prenant sur lui, pour contrôler son émotion et ne pas se précipiter. Calmement il l’accueillit, l’embrassa et la précéda pour lui ouvrir la portière.
Ces retrouvailles ne s’éclairaient pas d’expressions de joie débordantes. Elle s’exprimait peu, il ne montrait pas grand-chose. Intimidés? Émus ? Allez savoir ? On était loin du feu d’artifice escompté. Il eut presque envie de lui dire qu’il s’était libéré mais qu’il avait peu de temps à lui consacrer. Il hésita à appliquer cette dérobade en espérant. En espérant qu’il se soit trompé. Mais se trompait-t-il ? Il repensa aux baisers sur les joues en guise de bonjour. Ca n’avait rien de glamour.
Maintenant, il regarde devant lui, dans son rétro, tourne la clé de contact. Ils ne vont quand même pas rester sur cette place. Elle l’observe du coin de l’œil. Il le sent, le ressent il voudrait se tourner, l’enlacer, l’embrasser et laisser ses mains redécouvrir le grain si doux de sa peau mais…Ils échangent quelques mots futiles et sans importance juste pour combler le vide du silence. Elle pose ses doigts sur son avant-bras puis sur son épaule, il tourne la tête. Il ne lui montrera pas les larmes qui avaient embué ses yeux quelques minutes auparavant… il n’en aura pas le temps.
Elle encercle son cou, elle l’embrasse… Elle l’embrasse, ils s’embrassent comme ils ne l’espéraient plus. Leurs mains glissent dans leurs cous et dans leurs cheveux. Ses doigts, en caressant le creux son épaule, retrouvent ce grain si doux et si fin qu’il reconnaîtrait entre mille. Et ce baiser long, profond, langoureux au-delà du plaisir et du bonheur immédiat fait remonter en eux ces envies d’aller plus loin et de se retrouver avec le corps tout entier.
Dans la chaleur transmise par leurs lèvres les doutes s’étiolent et leur envie de l’autre efface comme l'écume d'une vague sur le sable toutes les traces profondes laissées par l’absence. Comme lui, elle dissimule cette montée de larmes qui a embué son regard. Comme lui ce baiser charnel la libère. Comme lui elle pense au temps perdu. A l’odeur de sa peau. A ses yeux, ses regard qui ne parlent que d’amour. Son amour. Leur amour.
Pour ce retour aux sources ils n’ont ni l’un ni l’autre envie de se la jouer premier amour à l’arrière d’une voiture. Le premier hôtel, avec un minimum de confort, fera l’affaire. Mais le premier hôtel digne de ce nom les oblige à parcourir des kilomètres. Des kilomètres qui altèrent quelque peu la fraîcheur de la spontanéité. En plus, il n’est pas terrible cet hôtel. S’ils en oublient très vite le décorum, le sourire et le regard suspicieux de l’hôtesse derrière son comptoir, qui sait pertinemment qu’on ne loue pas une chambre en milieu d’après-midi pour faire une sieste et hésite malgré tout à proposer le petit déjeuner avant de le rayer de l’addition, jette un certain malaise.
La porte de leur chambre s’ouvrit sur des regards dubitatifs et austères et se referma derrière eux ; dans le souffle libérateur d’un long soupir suivit d’une succession d’éclat de rires syncopés.
Dans l’histoire qu’ils sont en train de vivre, cet hôtel pas terrible et tous les petits détails, s’inscriront comme des éléments marquants et anecdotiques qui reviendront en images quand plus tard ils se les remémoreront.
Cette chambre, son nid secret et douillet sont à eux. Y auraient-ils cru il y a encore quelques mois, quelques jours, quelques heures ? Trois ans sans se voir, trois ans avec cet espoir toujours omniprésent mais inavoué que peut-être un jour… et en même temps à se remémorer quelques phrases assassines qui ne donnaient pas cher de la peau de leur amour. Et aujourd’hui…
Aujourd’hui sont-ils heureux ? Le mot est trop faible. Leurs visages et les premiers frissons de leur chair à leur peau en témoignent. Et pourtant, insidieusement, l’angoisse reprend le dessus. Plus pour elle plus que pour lui ; il fait presque trop jour, trop clair, dans cette chambre. En trois ans ils ont changé. Moins qu’ils ne le craignaient, mais physiquement ils ont changé. Et pour le reste ?
Pour le reste… ils feront l’Amour comme s’ils s’étaient quittés la veille. L’amour jusqu’au bout du plaisir et d’un bonheur retrouvé offert et partagé. L’amour comme elle croyait ne plus en avoir envie et comme il était certain de pouvoir se passer. L’amour avec des gestes qu’elle attendait, des sensations à fleurs de peau et des caresses qui les entraînèrent à s’embarquer plusieurs fois pour de merveilleux voyages à deux jusqu’au bout de l’extase.
– Nos corps se souviennent lui murmura-t-elle d’abord en parlant de l’acte comme si elle avait craint l’échec
– Nos corps se souviennent lui confirma-t-il en reprenant ses mots
– Nos corps ne se sont pas oubliés lui avouera-t-elle avec ce sourire et cette voix feutrée qu’il adorait.
– Nos cœurs non plus, ne se sont pas oubliés. pensa-t-il si fort qu’elle entendit sa douce réflexion comme s’il lui parlait à l’oreille.
Et puis, lovés l’un contre l’autre, dans la duveteuse chaleur et l’odeur de l’amour, leur Amour, ils s’endormirent. Ils s’endormirent en rêvant. En rêvant qu’ils s’endormaient blottis dans un cocon soyeux tissé de fils de soie. Sachant désormais, que ni le temps ni la distance ne pourraient jamais les séparer.
Ainsi Va la Vie….
Williams Franceschi
(Extrait de: Ainsi Va la Vie Tome 2 en préparation)
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