Il était une fois... Evelyne DRESS
Evelyne DRESS
Actrice, réalisatrice productrice, animatrice de télé, scénariste, écrivain peintre, chanteuse, danseuse et j’en passe... Evelyne Dress est, à n’en pas douter, championne du monde de la diversité.
Mais... est-ce par hasard ou parce que le destin voulait lui prouver dès la naissance qu’elle ne ferait rien comme les autres, qu’elle est venue au monde dans un train en gare de Lyon-Perrache? Pas banal non ? Et ce; 15 jours avant l’indépendance de l’inde et du Pakistan et le même jour, à quelques années près, que Louis Blériot et Yves Saint Laurent. Allez savoir...
Apres cette entrée fracassante sous les projecteurs de la vie et un passage par l’hôtel Dieu qui sera le point marquant d’une foi qui ne la quittera plus, elle grandira dans la ferme de sa grand-mère à Pétichet petit hameau entre Vizille et La Mure à quelques kilomètres de Grenoble.
Sur cette période qu’elle relate en filigrane et par personnages interposés au fil de ses romans, elle reste plutôt discrète ne livrant que des anecdotes singulières.
En vérité dit-elle, ma vie a vraiment commencé à 18 ans. Je rêvais de devenir comédienne. Un camarade de mon frère, qui présentait le concours du Centre d’Art Dramatique de la rue Blanche, m’a conseillé de tenter ma chance : « Passe le concours, tu ne seras pas reçue, mais, au moins, tu verras comment ça se passe ». J’ai été reçue du premier coup, au grand dam du camarade qui s’est fait recaler. Mes trois années au Centre de la rue Blanche furent studieuses; j’y ai fait l’apprentissage de mon métier de comédienne, mais, surtout, j’y ai appris la vie dans le métier…
« J’y ai appris la vie dans ce métier ». Cette phrase serait à méditer. Mais la sensibilité, ce sens inné de l’observation et de l’analyse qui caractérisent Evelyne lui ont aussi permis de se nourrir et de s’enrichir de tout ce qui entoure ce métier dans le moindre détail au-delà du simple jeu d’acteur. Car rien ne l’indiffère. Elle s’intéresse à tout.
Elle voulait faire du théâtre ; elle en fera. Dès la sortie de la Rue Blanche elle enchainera pièces sur pièces de «Oh Calcutta» à «Largo Desolato» de Vaclav Havel en passant par «Le marchand de Venise» de Shakespeare, ou « Le Boucher » d'Alina Reyes avec Rufus, pièce dont elle sera productrice, sans oublier «Plantons sous la suie» cette comédie musicale au Café de la gare qui lui permettra de rencontrer Patrick Schulmann qui en l’engageant pour jouer au côté de Bernard Giraudeau dans le film «Et la tendresse Bordel» lui ouvrira les portes de la notoriété.
Parallèlement au théâtre, le cinéma et la télévision dès le début ne l’oublieront pas. On la verra entre autres dans «Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause !» de Michel Audiard ou «Le Gang des otages» d'Édouard Molinaro. «La Nuit de Varennes» d'Ettore Scola… «Madame Claude» de Just Jaeckin ou ; «Le Solitaire» de Jacques Deray. Et la télévision lui offrira de très jolis rôles dans d’innombrables séries comme Arsène Lupin, les cinq dernière minutes et tant d’autres. Bref, une carrière longue, brillante et chargée de belles rencontres.
Et puis, point culminant son premier film: « Pas d’amour sans amour » . Elle l'écrira, le produira, le réalisera avec à l’affiche un florilège d’acteurs à faire pâlir de jalousie nombre de réalisateurs : Évelyne Dress elle-même, Patrick Chesnais, Jean-Luc Bideau, Aurore Clément, Gérard Darmon, Dora Doll, Valérie Steffen, Michel Duchaussoy, Martin Lamotte, Tanya Lopert, Jacques Penot, Pascale Rocard, Coralie Seyrig, Carole Brenner, Cécile Pallas, Thierry Rey, Jean-Claude Bouillon…
Elle obtiendra avec ce premier coup d’essais transformé en coup de de maître : Le Grand prix du Festival du Film au Féminin de Marseille, Le Grand prix du jury au Festival international de Prague et une sélection pour les Golden Globes.
En plus de toutes ces cordes qu’elle maitrise dans et autour du septième art; dès la fin des années 80 elle touchera à la peinture. Et comme elle ne fait rien à la légère ; elle n’y touchera pas mais s’y attèlera. Elle aurait pu peindre en amateur solitaire et garder ses toiles justes pour elle visible par un cercle d’amis. Mais non ! Elle participera à de prestigieuses expositions comme le salon des indépendants et décrochera de notables récompenses dont deux médailles par l’académie internationale de Lutèce. Reconnaissons que cette reine de la pluralité se défend plutôt bien quoi qu’elle fasse.
Ce que je soulignerais pourtant d’un gros trait rouge ; c’est son entrée en littérature. Sa vocation remonte-t-elle à l’enfance où elle occupait la fonction d’écrivain public au sein de sa famille, ou à son amour des mots ? Ou encore, à son besoin de retranscrire ; souvenirs et observations?
En essayant de lire dans son regard, qui peut être à la fois sombre et lumineux, intelligent et malicieux, secret et tellement profond…tellement profond ; je pense avoir ressenti la réponse, mais est-ce la bonne ?
Résultat sept romans : «La maison de Pétichet» «Les tournesols de Jérusalem», «Le rendez-vous de Rangoon», « Les chemins de Garwolin » L’histoire de Sylvia Gutmanster qui part sur les traces de son père, en vélo à travers une Pologne qu’elle ne connaît pas pour remonter le cours de l’histoire. « Parce que j'avais voulu croire que mon père serait toujours à mes côtés, je ne l'avais jamais questionné sur sa vie. Maintenant qu'il m’avait quittée, je m'apercevais que je ne savais presque rien de lui, à part qu’il était né à Garwolin... »
Puis elle a publié: Pas d' Amour sans Amour inspiré du scenario de son film du même titre.
Et de puis peu: Cinq jours de la vie d'une femme et Je veux peindre et aimer.
Evelyne Dress joue-t-elle derrière sa plume comme à la scène en s’habillant de son héroïne ou son héroïne s’imprègne-t-elle de son vécu? En utilisant la première personne tout nous laisse supposer qu’elle nous conte sa propre histoire et puis le mot roman nous rappelle que… mais tous les auteurs construisent sur de vraies fondations avant de laisser aller leur imagination chercher ce qu’ils voulaient trouver.
Excellents romans qu’on a du mal à quitter même pour un court instant et peuvent vous faire passer des nuits blanches tant on suit ces héroïnes de près, très près tout au long leurs péripéties. On vit, on souffre, on se désole, on ressent parfois l’ombre de la catastrophe se profiler avec cette envie de lui souffler un conseil, de lui hurler un : Attention Danger!... ou de poser sa tête au creux de notre épaule. La fluidité, la légèreté, la simplicité apparente et l’éloquence d’Evelyne Dress nous captivent, nous émeuvent, nous fascinent.
Dans tous ses romans l’écriture est souple, limpide, entrainante et coule sous vos yeux de lignes en lignes, de chapitres en chapitres comme si vous rouliez à la fois à côté et avec son héroïne.
J'ai aimé tous ses romans avec une préférence pour "Cinq jours de la vie d'une femme" qui est un vrai petit bijou ... a lire absolument. Et un faible, même plus qu'un faible, pour "Pas d'Amour sans Amour" inspiré du scenario de son film
Ses romans ne se lisent pas… Ils se dévorent !
Williams Franceschi
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