Ainsi Va la Vie… épisode n°267… Et un jour j’ai rencontré un prince…
Mon joli titre pourrait vous paraitre un rien ambigu. Mais Non, n’ayez craintes, je n’ai pas viré ma cuti et embrassé un crapaud sur la bouche pour qu’il se transforme et mon affection pour la gent féminine n’a pas fléchie d’un iota. Un de mes meilleurs amis, qui ne joue pas dans la même cour que moi, ou plutôt qui joue dans les deux au gré de son humeur et des opportunités, m’a dit un jour, qui était plutôt une fin de nuit bien arrosée pour lui, sur un ton conquérant mais malhabile et pâteux : «Tu ne peux pas comparer, tu n’as jamais essayé !» Et il avait absolument raison ! On ne peut pas juger sans savoir! “L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.” Sauf que je ne suis aucun des trois puisque je ne me suis jamais posé de vraies questions sur le sujet. Et elles ne me traversent jamais l’esprit puisque ce n’est tout simplement pas dans ma nature…
Des princesses, plus d’apparences que de sang, j’en ai croisé quelques-unes. Et des vraies, dont la lignée remontait à la nuit des temps quelques-unes aussi, mais moins. Et si, mais je n’ai pas dû avoir de chance, et si leurs titres les éclairaient ça n’en faisait pas des lumières.
Des princes, des vrais, j’en ai côtoyés entre deux réceptions le temps d’une coupe de champagne et de compliments surfaits qui sentaient le par cœur illustré de sourires de complaisance, mais bon, j’ai fait semblant d’y croire. Il y a des âges pour tout gober et d’autres pour savoir trier. Mais un jour pourtant ; j’ai rencontré un prince comme on en dépeint dans les contes. Un prince de sang et de cœur.
Mais pourquoi je vous parle de ce prince ? Et comment ce sujet est-il arrivé au fronton de ma chronique ? Revenons à mon prince en commençant par une confidence. Chaque semaine ou presque, quand ce n’est pas plusieurs fois, selon notre humeur ou notre actualité personnelle avec Evelyne Dress nous papotons par téléphone. Ce qui est théoriquement contraire à mes habitudes puisque je déteste le téléphone, mais… j’adore Evelyne. On parle de tout de rien, du menu du soir, des infos du jour, en essayant de ne pas trop déblatérer sur les cons qui nous entourent de près ou de loin et cet exercice de retenu est particulièrement difficile. On parle de tout mais rarement du métier qu’il soit cinématographique ou littéraire ou juste entre deux parenthèses. Et vendredi le sujet a dévié … tata tan !!! Justement vers une de ces parenthèses : le festival de Cannes en général et de 1982 en particulier. Festival dont Evelyne avait monté les marches pour représenter le film : « La nuit de Varennes » d’Ettore Scola au milieu d’un parterre de rêve. Je lui avouais qu’un jour j’écrirai une chronique sur le festival mais que la semaine prochaine, comme un hommage, je parlerai d’un comédien au nom trop peu connu Gamil Ratib. Et, ho surprise, Evelyne connaissait très bien Gamil. Il lui avait même fait visiter Le Caire et découvrir des lieux qui échappaient aux touristes. Et là, nos souvenirs de ce prince-comédien fusèrent en tous sens.
Mais comment en suis-je venu à ce choix ? Cette semaine, pour un tout petit article bien loin de Facebook, je cherchais un complément d’information sur Shakespeare. Et comme je suis encore de cette génération qui a plus le reflexe bibliothèque qu’internet, j’ai ouvert les quelques ouvrages qui auraient pu m’aider à compléter mon texte. Et en dernier, un livre très ancien de Charles et Mary Lamb édité vers 1808. Et, Miracle ou surprise, en ouvrant sa première page je suis tombé sur cette merveilleuse dédicace que j’avais complètement oubliée dont je vous joins la photo.
Ce livre m’avait été offert par Claude CERNAY et Gamil RATIB J’avais 18 ans à peine et une foule de souvenirs comme une bouffée de chaleurs à vous piquer les yeux sont remontés en une milliseconde.
J’étais arrivé à Paris en novembre de l’année précédente j’habitais sur les conseils et la recommandation du régisseur du Don Camillo à l’hôtel des saints Pères qui n’avait alors rien à voir avec l’hôtel où je suis retourné pour une nuit il y a peu, ni par le confort ni par le prix. Mais c’était il y a si longtemps et tout ça me parait si proche.
L’hôtel abritait en majorité des artistes et un soir la taulière, joli nom fleuri pour designer la propriétaire, qui se prénommait Lilette, m’invita à diner chez elle, à deux pas, pour me présenter à deux de ses amis dont, par l’ignorance que vous confère la jeunesse je ne connaissais rien. Elle était convaincue qu’ils pourraient m’aider et eux, mais je ne l’ai appris que quelques jours plus tard, craignaient qu’elle ne leur présente un minable débutant sans grade et sans envergure dont ils allaient devoir se farcir la présence durant toute une soirée.
Elle m’avait vu sur scène et sa présentation fut si élogieuse, trop beaucoup trop à mes oreilles, que si j’avais pu me planquer sous la table je m’y serais jeté surtout en lisant ce que je lisais dans le regard des deux pointures face à moi qui compatissaient coincés entre mon silence et le rouge écarlate qui teintait mon visage.
Et puis, presque obligé, il fallut que je prouve, infirme ou affirme ce qu’elle avait annoncé ! Waouhhh qu’elle audition ! Chanter a capella quelques-unes de mes chansons et pour clôturer le tout, leur servir, toujours à capella, quelques imitations! Une horreur surtout face au silence et au manque de réactions surtout au début… et puis, après un sketch pour terminer le calvaire qui regroupait Louis Jouvet, Pierre Fresnay, Sacha Guitry, Michel Simon, Darry Cowl, Louis de Funès et jean Gabin ils se levèrent et applaudirent. Leurs visages s’étaient métamorphosés… J’ai l’impression en vous racontant ces instants de les revivre, étrange sensation. Tout aurait pu s’arrêter là… Mais, dès le lendemain Claude me téléphona pour me présenter à des amis, et dans l’ombre de Gamil en moins d’un mois je fus présenté à une partie du tout Paris comme on disait à l’époque mais surtout à des amis, d’amis… d’amis influents et utiles…. Roger Brécourt m’engagea pour des galas, me présenta a Guy Lux et au passage entre deux portes, à Sophie Darel… belle rencontre aussi avec Dalida mais la liste serait trop longue. Et puis peu à peu j’appris à connaitre Gamil et Claude.
Claude Cernay en plus d’écrire était un comédien qui ne voyait que par le théâtre et Gamil un acteur au sens le plus large du terme et un prince jusqu’au fond du regard. Prince Egyptien, cousin d’Omar Sharif, qui lors de la célébration du 2 500e anniversaire de la fondation de l'empire perse était assis à la table du Chah d’Iran c’est vous dire son rang quand on connait le protocole et le nombre de rois et de présidents invités. Acteur il tourna dans une quantité incroyable de film dont les deux plus célèbres furent « Trapèze » aux côtés de Burt Lancaster, Tony Curtis et Gina Lollobrigida… et bien sûr « Lawrence d’Arabie ».
Sur cette période je pourrais en écrire des tomes… Mais autant diluer ces souvenirs à travers mes personnages de romans tant la réalité pourrait parfois paraitre incroyable.
Je n’aurais jamais assez de Mercis … surtout quand ceux qui vous donne n’attendent rien en retour. Au fil du temps, en me voyant évoluer et leur expliquer que chanter, jouer n’était pas mon but juste un moyen… que la gloire m’importait peu, et que si j’avais envie de m’essayer a tout et plutôt bien le faire, que ma seule ambition c’était d’écrire… ils trouvèrent tous deux que c’était dommage… Ça pouvait paraitre bizarre mais pourtant… même aujourd’hui je ne regrette pas et rien n’a changé.
Je garderai nombres de conseils de Claude et de Gamil, conseils de princes…
Et j’en déduirais juste en pensant à lui:
Qu’il ne faut jamais marcher sur les autres pour s’élever. Quand on est le meilleur pas besoin de le montrer… ça se voit!
Merci Claude, Merci Gamil ! Merci la vie….
Ainsi va la Vie….
Williams Franceschi
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