Ainsi Va la Vie… épisode n°241… Un rendez-vous avec « Cacarinette » et «De se sentir aimée à se savoir aimée ».
En ce premier Dimanche de printemps et sous un soleil à faire éclore le moindre bourgeon, j’avais rendez-vous à Port de Bouc, jolie petite ville Provençal à deux pas de Martigues, au cœur d’une foire artisanale avec une jeune fille de douze ans et demi au joli nom de « Cacarinette ». Insolite non, un tel rendez-vous ? Surtout avec un personnage d’encre et de papier. Une jeune fille particulièrement tête en l’air qui collectionne les bêtises. Bêtises le plus souvent dues à son étourderie. De très jolies et gentilles bêtises mais des bêtises quand même que Régine Franceschi distille à longueur de livres dans une collection destinée aux 7/14 ans.
Espiègle, un rien sauvageonne, souvent rebelle, c’est ainsi qu’il serait facile de qualifier Cacarinette. Pourquoi ce joli surnom qu’elle a décidé de s’approprier elle-même comme un vrai prénom au point d’afficher en blason un tatouage à l’effigie de la jolie coccinelle sur son bras ?... Un tatouage qu’elle arbore fièrement comme un vrai, mais qui n’est en fait qu’un tampon qu’elle s’applique à rendre plus vrai que vrai... C’est un secret que j’ai lu dans le premier tome de ses aventures. Mais...Je ne vous dirais pas tout ! Je ne vous en dirais pas plus…
Il parait que Cacarinette ressemble beaucoup à sa maman de plume… surtout pour son étourderie m’avoue Régine en baissant les yeux sur un sourire radieux et malicieux ! Mais, je ne crois pas que la ressemblance s’arrête-là. Il faut toujours lire entre les lignes et ce personnage est tout aussi attachant que sa créatrice.
En plus du talent qui la caractérise, Régine Franceschi dégage une telle empathie, un tel charisme, une telle gentillesse gratuite et communicative, qu’il fut bien difficile de se séparer à la fin de notre entretien. Très belle rencontre, preuve que la coccinelle, devenue Cacarinette sous le ciel de Provence, est à n’en pas douter l’emblème authentique du bonheur. Bravo Régine, Merci Cacarinette.
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Brel chantait : « On oublie rien de rien on s’habitue c’est tout ». Est-ce Brel qui m’a donné envie d’écrire avant même de chanter? Certainement, mais entre autres. La chanson fut ma « littérature orale ». Plus que les livres qui ne se bousculaient pas sur les étagères du minuscule appartement où j’ai grandi et ne parlons pas de bibliothèque, je me demande où nous aurions pu la caser, c’est d’abord les mots de Brassens, Brel, Aznavour et d’autres qui en posant leurs images, leurs sentiments, leurs sensations, leurs frissons, sur ma peau d’écorché vif m’ont donné l’envie d’exprimer par l’encre des mots tout ce que je ne savais, ou ne pouvais, pas dire.
On pourrais en déduire que tout a commencé grâce à la chanson, aux textes des chansons. Et plus tard, c’est Serge Lama avec qui je dinais presque tous les soirs à La Casserole, le restaurant sous le Don Camillo, qui m’offrit de son temps pour lire mes bluettes et Jacqueline Danno, merveilleuse Jacqueline, qui, comme elle le disait avec une envie de me voir voler très haut, adorait mes chansons, évidement ça me faisait mousser, mais surtout qui me poussa par ses conseils à travailler, travailler, toujours travailler et retravailler ce que je croyais prétentieusement abouti. Merci Jacqueline.
Il m’arrive souvent de faire référence à cette période aux côtés de Serge, Jacqueline et quelques autres. même si ma vie a été truffée d’autres moments fantastiques, mais, j’avais 17 ans, eux 30 et 40 et l’on pourrait penser qu’à la vue de mon jeune âge je n’étais pas conscient de ma chance. Détrompez-vous j’en été totalement conscient. Dans cette période de vaches, maigres et enragées, je savourais chaque microseconde de ces instants magiques dont je n’ai rien oublié… parce que comme le chantait Brel à juste titre « On oublie rien de rien…. ».
Après ce long préambule un rien nostalgique et sur cette belle langue. Cette langue qui m’a sauvé du pire, revenons vers la petite chronique de la semaine.
Ces derniers temps je travaille sur un troisième roman dont le héros est encore Sam. Ce n’est pas une trilogie juste trois histoires qui peuvent se lire distinctement les unes des autres mais dans lesquelles on retrouve des personnages communs et récurrents comme on dit aujourd’hui. Et tout ça, c’est un peu à cause de vous, vous les lecteurs du premier roman : « Dans la peau » qui m’avez demandé une suite. Je l’ai écrite. A cause des évènements que nous vivons elle n’a provisoirement, pas pu être éditée. En attendant et pour ne pas perdre de temps, je m’attelle à écrire une suite à la suite. Soit le numéro 3 des aventures de ce publicitaire devenu écrivain.
Puisque mes chroniques sont un peu un lien de confidences entre vous et moi, il faut que je vous avoue ce qui occupe mon esprit et ma plume. Ces derniers jours, je peaufine un passage, non pas difficile mais plus délicat. Ces passages ou chaque mots ont leurs importances. Une importance dans la justesse et la précision. J’ai déjà esquissé, maintenant j’affine.
Ça vous amuse de rentrer dans la tête et les gestes de l’auteur comme dans l’atelier d’un peintre au milieu de son désordre, de ses palettes, des brouillons et de ses : « à peu près » ? Je m’en doute ! Je suis peut-être trop réservé pour vous déballer les brouillons, les recherches, les dizaines de pages raturées et celles en boules qui sont déjà passées de la corbeille aux flammes du poêle pour ne pas être tenté d’y revenir. Je vous raconte ?
Un ami de Sam veut écrire une lettre. Une lettre à un amour qu’il n’a pas revu depuis 40 ans. Juste pour lui dire qu’il ne l’a pas oubliée. Jusque-là, et si c’était son seul but, ce pourrait vous paraitre presque banal. Sauf que le plus difficile c’est de savoir ou d’imaginer comment cette dame va réagir. Et surtout et c’est mon job, trouver les mots pour exprimer ce sentiment de : « se savoir aimer ». Parce qu’aimer, ça ne dépend que de nous. Mais sentir qu’on vous aime ? ….
Aimer ! bien sûr. Mais se sentir aimé jusqu’à se savoir aimé ?
Se sentir aimé, quand ça nous frôle, nous touche, nous pénètre ; ce peut être grandiose ou sédatif ou les deux simultanément. Les gestes s’amenuisent, se ralentissent et l’esprit, même en essayant à regret de passer à autre chose, se focalise sur cette sensation cerclée d’émotions qui nous traverse, nous bouleverse, nous brule et nous glace et nous fait douter de tout.
Depuis la lecture de cette lettre, si elle est toujours habillée du même corps, elle marche juste à côté de cette peau qui s’est décollée de sa chair. Elle se sent aimée. L’a-t-elle jamais été ? Ou la mémoire, a-t-elle fait l’impasse sur la dernière fois ? Cette dernière fois qui lui parait si loin perdue dans la brume des souvenirs.
La seule dernière fois, dont elle est toujours certaine de la sincérité, date de l’amour immodérés de ses parents ou un rien, juste un rien diffèrent mais tellement doux et pur, de ses grands-parents. Qu’ils soient présents ou partis ils sont toujours là, juste à côté d’elle. Preuve que cet amour-là, ne meurt jamais.
Mais aujourd’hui, c’est autre chose et pourtant elle le ressent pareil ; elle se sent aimée.
Comment réaliser qu’il lui soit tombé dessus cet amour qu’elle n’attendait plus ? Cet amour qui l’a choisie sans vraiment lui demander son avis. Cette amour irréel au-delà du temps, la surprend et l’émeut jusqu’aux frissons du doute.
Quand le fruit et l’épicentre du coup de foudre c’est nous et que c’est l’autre qui le vit, ose-t-on-y croire ? Se sentir aimé et ne pas partager le même sentiment. Ne pas en être sûr. Pas pour l’instant, pas encore. Et à force de ne pas y croire le rêve ne prend pas forme réelle. Elle a juste conscience qu’elle n’en a pas encore totalement conscience.
Se savoir aimée. Etrange sensation. L’instant de cette découverte aurait pu lui faire dire n’importe quoi comme si elle avait eu besoin de repousser un assaut, confondant agression et caresse. D’ailleurs elle a dit n’importe quoi. Elle essaie même de s’en souvenir pour vérifier si elle n’est pas allée trop loin dans la dérobade. Esquive inutile et stupide teintée de timidité.
Elle a relu dix fois la lettre. Ça correspond exactement à ce qu’elle attendait et pas du tout à ses espérances, enfin, pas vraiment pas du tout. Elle joue dans la cour des contradictions. L’idéal aurait été de sauter au plafond, de hurler de joie. Mais non… elle est là à se tricoter les doigts comme une gosse qui vient de recevoir le plus beau des cadeaux mais trifouille les emballages.
Sans besoin de bien y réfléchir elle se souvient de lui. Bien sûr, évidement. Elle non plus ne l’a pas oublié. Elle a vécu une autre vie. Plusieurs même et plusieurs sans lui. Et voilà qu’il apparait, ou réapparait. Pas vraiment, c’est juste une lettre. Une lettre écrite aujourd’hui qui se rappelle d’avant-hier. Juste une lettre et pourtant, non ! Ce n’est pas une simple lettre ; c’est une déclaration. Une déclaration avec 40 ans de retard. Et en quarante ans il en passe de l’eau sous le pont.
Il n’a pas pu balancer comme ça cette lettre, au risque de passer pour un doux dingue. Sa lettre aurait pu mal tomber. Venir perturber une vie de rêve et risquer de tout perturber ou de tout faire bêtement basculer. Non, s’il a tant attendu c’est qu’il savait que je n’étais pas libre. Ou presque…
Il lui en aura fallu du courage, beaucoup de courage pour aller au bout de sa démarche. Lui pour qui d’habitude; c’est si facile. Mais là, on n’est pas : « d’habitude ». L’amour qui lui brule le cœur est d’une telle force qu’il pourrait le taire à tout jamais pour ne pas essuyer un échec. Le taire pour ne jamais l’éteindre. Garder cette flamme intacte et secrète, même si elle ne devait jamais allumer le brasier tant espéré.
Il a pris le risque, le risque de l’aveu au risque de l’échec et il a l’impression d’y jouer sa vie. Et elle, elle ne réalise pas, pas encore.
Ainsi Va la Vie….
Williams Franceschi
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