Ainsi Va la Vie… épisoden° 160 Le rivage et la petite vague.
– CHUTttttt !!!! Chuuuuuuuttt !!!!! Y dort ! Je vous parle à voix basse pour pas le réveiller…. Non non c’est pas moi qui vais écrire sa chronique. Hein ?! Je suis pas sourde mais articule…Mais non je sais pas. Je suis pas une fée écrivain Moa ! J’ai bien essayé une fois ou deux pour rigoler mais c’est pas mon rôle. Mon rôle c’est fée ! Petite fée sur son épaule. Juste un second rôle pas une tête d’affiche.
Mais c’est lui qui me met dans la lumière. Moa j’étais bien dans l’ombre. J’ai rien demandé redeguuu !!!
Eh !, toi ça va ! Si ça t’intéresse tant que ça de prendre ma place… t’as qu’à… t’as qu’a rien du tout d’abord, ma place n’est pas à prendre que ce soit dit une fois pour toute.
Moa je suis la fée ! toi la lectrice ! Si on commence à tout mélanger on va plus s’en sortir. Et d’ailleurs qu’est-ce t’y connais en fée pour envisager l’emploi ? Tu crois qu’il suffit de lui faire des bisous sur la joue, de passer tes doigts dans ses cheveux ? D’ailleurs y’en a plus beaucoup… tu peux toujours lui tortiller les poils sur la poitrine mais fais gaffe il aime pas trop les chatouilles. Si tu crois qu’être sa fée c’est juste ça ? t’as tout faux. C’est plus compliqué. Beaucoup plus compliqué. Pour un artiste comme lui. Qu’il chante, qu’il compose, qu’il écrive ou qu’il joue même si aujourd’hui il se contente d’écrire, être sa petite fée c’est l’aider l’aimer et le comprendre quand il est dans le doute, l’épauler quand il se sent à bout de souffle, le faire rire quand il est triste et j’en passe… Et tout ça faudra que tu le devines parce qu’il ne laissera jamais rien transpirer. Il ne se plaindra pas. Il n’appellera jamais au secours … Et souvent tu t’apercevras qu’il ne demande rien parce qu’il sait que personne, personne ne peut l’aider il faut juste attendre. Attendre que les choses se tassent.
Mais non il n’est pas malheureux. Ben oui des fois oui comme tout le monde. Il dit :
La vie d’artiste, c’est pas une chance
C’est un état de différence
Une overdose de souvenirs
Sur une vieille affiche qui transpire
On rêve pas dans les mêmes couleurs
On ressent pas les mêmes douleurs…
C’est juste quelques paroles d’une chanson qu’il avait écrite…Whaouff !!! Y’a un bail mais ça lui ressemble toujours. C’est un blues. Je vous le chanterais bien mais y dort… ça va le réveiller… chuttt !!!
En plus, va quand même falloir qu’il se réveille. Mais il est naze, c’est son expression. Il travaille tout le temps. Et non, pas que l’écriture ça serait trop beau a part pour le dos…
Parce que là, tout de suite, immédiatement ; le problème c’est que je sais pas de quoi il voulait vous parler. C’est ça qui me chiffonne le chignon de l’intérieur.
Et non je suis pas dans la confidence. Y me dis rien quand je suis sur son épaule. Mais rien de rien !.. Je découvre toute seule au fur et à mesure qu’est-ce tu crois ? Et souvent, très souvent y rature avant que j’ai fini de lire, y recommence, y griffonne, y fait des renvois avec des flèches qui se croisent que même les indiens ils arriveraient pas à suivre. Et puis souvent souvent il roule sa feuille en boule et Chbing ! Dans la corbeille et y recommence.
Et si je lui dis que je ne comprends pas pourquoi il jete ce texte que je trouvais très bon ; il me fait des yeux… que je vous dis pas les yeux. D’abord des yeux, qui en gros me font comprendre que je le gonfle et qu’il n’a pas besoin de mon avis. Et si j’insiste ; il plisse son regard et y souffle. J’adore quand il plisse son regard le vert prend la lumière et… j’adoooore. J’adore c’est tout !.. Vous aussi ? Non mais en vrai c’est… poufff !!! Avant il y faisait pas attention mais Sophie la photographe elle lui dit chaque fois !
Et donc, quand il souffle…Puuffff !!! Pas la peine d’insister. C’est cuit. Et quand c’est cuit les haricots sont coupés !
Quoi ça n’existe pas : « Les haricots sont coupés » ? Toi tu connais toutes les expressions du monde entier dans toutes les langues ? Peuuuu menteuse ! Ben si ça n’existait pas, maintenant ça existe. Puisque je l’ai inventée. L’expression c’est : « C’est la fin des haricots » ? Mais que les haricots soient fins, gros, secs ou mouillés, on…. s’en…. Fout ! Hé ! Toi ? tu commences à me courir sur le haricot justement. Tu voulais déjà faire fée toute à l’heure si je me souviens bien. Alors si tu veux faire cuisinière maintenant ? T’es la bienvenue.
Comment je fais pour entendre tout ce que tu dis ? Mais je suis une fée je te rappelle j’te f’rais dire pour mémoire. Une fée ! Et tu fais un barouf d’enfer derrière ton écran. Pour pas t’entendre … faut dormir d’un sommeil profond non mais !
Bon je reprends. Heureusement que toutes les lectrices sont pas comme elle ! Donc j’ai perdu le fil avec l’aut’ qui me coupe … Donc ! Il fait des yeux et y souffle. Si elle continue celle-là je lui donne un coup de baguette sur le nez et zip ! Plein de buée sur ses lunettes et si elle insiste ; un peu de suie. Avec la buée quand elle s’essuiera…Hi !hi ! Ça lui fera un maquillage gratuit en un seul voyage hi !hi !
Vous savez ce qu’il a jeté hier ? Non ? Je vous le dis mais vous le répétez pas, j’ai récupéré la boule dans la corbeille ça me faisait trop mal au cœur.
Une feuille sur laquelle il avait écrit :
Avez-vous déjà écouté le bruit de l’eau ? D’une rivière ou d’une fontaine ? Et le bruit de la mer ?
La mer qui vient par petites vagues se glisser sur le sable pour y vivre plus que pour y mourir.
Chuuufff !! Chante la petite vague. C’est doux, c’est fin, et puis la vague, la petite vague après sa caresse se retire dans un chant soyeux et souple Chummmm !!! Pour laisser place à une autre petite vague et revenir plus tard retenter sa chance.
Et la même vague, la même petite vague en attendant roule un peu plus loin sur les galets et là elle gémit chliiiiiing !! Et bruisse dans les pierres rondes ou elle n’arrive pas à s’accrocher. Elle bruisse comme le vent dans les feuilles à la cime des arbres. La petite vague s’étale, s’étire, se démembre, pour grimper sur la plage et souffre dans son retour vers le reste de son corps bleu dont elle s’était étirée jusqu’à la transparence sans jamais s’en détacher.
La petite vague semble avoir échoué dans sa conquête et retourne penaude dans un bruissement plaintif. La petite vague prend conscience du double sens du verbe échouer. Echouer c’est mourir sur le rivage ou ne pas réussir à s’y accrocher.
Mourir sur le rivage ou ne pas réussir à s’y accrocher. Pourtant la petite vague y croyait.
Mais est-ce la mer qui n’arrive pas à conquérir le rivage ou le rivage qui se défend et refuse la conquête ?
Pourtant les galets et le sable conserveront la trace du passage de la petite vague. Une fine trace et pourtant si profonde qui rappellera la caresse de son écume. Une trace comme un ultime baiser que le soleil peu à peu effacera pour ne laisser en souvenir que des auréoles de sel… et encore.
La petite vague ne gagnera jamais sur le rivage et pourtant le rivage se souviendra longtemps de la petite vague.
Que voulait-elle la petite vague dans son joli passage ? Juste atteindre ce rivage en lui fredonnant sa mélodie-caresse sachant qu’entre l’eau et la terre ce ne pouvait être qu’un impossible amour.
Que voulait-il le rivage en repoussant la petite vague par son immobilisme ? Se protéger. Sauf que le rivage a confondu la petite vague avec la tempête qui attaque les rochers, les digues et brise tout sur son passage.
Non la petite vague ne cachait pas une vague géante attisée par les vents et le ciel pour tout détruire. C’était juste une petite vague amoureuse d’un joli rivage. Juste une petite vague qui avait du vague à l’âme.
Que cherchait le rivage immobile face aux doux assauts répétés de la petite vague. Garder sa forme, sa place son image de carte postale. Et pourtant sur cette carte postale ils n’existent pas l’un sans l’autre et ils le savent bien.
L’un sans l’autre mais pas obligatoirement avec cette petite vague la, sur ce rivage-là.
Plus tard, demain, une autre petite vague roulera juste ou elle roulait elle-même et après leur corps à corps, peut-être sublime, la terre et l’eau s’oublieront. Et la première petite vague qui les observait en retrait s’éloignera triste. Silencieuse et triste. Parce que les larmes d’une petite vague se confondent avec de simples gouttes d’eau juste un peu plus salées mais toujours invisibles.
Elle s’éloignera sans se retourner loin très loin au grès du fil de son onde. Elle franchira des océans d’orages, de creux et d’ouragans pour terminer sa course dans une anse paradisiaque aux rochers protecteurs à l’autre bout du monde. Une anse paradisiaque mais pas le paradis. Juste l’image du paradis.
De son côté le rivage, des mains de l’homme qui pense bêtement maitriser les éléments et sculpter la nature à son gré, subira des transformations à grands coups de tractopelle qui le défigureront en voulant l’embellir.
Il y perdra tout ce charme qui séduisait tant la petite vague. Plus de la moitié de ce rivage sauvage deviendra une marina précieuse artificielle et riche de visiteurs et de bateaux… Une fierté nationale d’après les journaux et les politiques.
Mais L’odeur saline des embruns remplacée par l’odeur de l’argent qui coule à flot ne chante pas comme la petite vague. Le rivage, à part quelques petits morceaux oubliés, sera toujours le rivage mais ne se ressemblera plus.
Il y a tant de petites vagues et de beaux rivages qui se croisent sur les côtes de nos vies.
La petite vague et le rivage se seront connus, aimés, attirés et repoussés sans jamais aller au bout de leurs rêves. L’amour est parfois un impossible amour.
Ainsi Va la Vie…
– Alors t’as lancé le texte que j’avais jeté ?!
– Heu ! mouiii !! Je vais me faire engueuler…
– T’as bien fait !
– Ha ?!
– C’est juste la fin qu’il faut compléter.
– Mouii !
– Il faut conclure par : L’homme croit maitriser la nature. Prétentieux il en est même convaincu. Mais la nature a toujours raison. Et un jour les éléments en colère ratisseront comme un fétu de pailles les horreurs que l’homme a bâties comme des chefs-d’œuvre.
La nature a toujours le dernier mot. Et le rivage redeviendra le rivage tel que la petite vague l’aimait et s’il n’est pas trop tard elle reviendra caresser son sable et ses galets dans un parfum de sel de soleil et de liberté.
Ainsi Va la vie…
Williams Franceschi et Line la petite fée.
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