Ainsi Va la Vie… épisode n°289… Le TEMPS et « ELLE PENSE à LUI »
Le temps !.. Ha le temps !... j’en ai souvent parlé, mais j’y reviens. Pourquoi ? Parce qu'à mon grand désespoir, j’ai constaté, que moins j’en fais, plus il passe vite. Moins j’en fais… faut le dire vite… mais j’en fais moins sous le soleil… D’ailleurs, si l’inspiration se nourrit de l’oisiveté, la mienne doit mourir de faim.
Avant, les journées duraient 24 heures et j’arrivais à boucler la boucle, sans chômer, mais j’y arrivais. Aujourd’hui, et ça doit certainement venir du changement climatique, ben oui, faut bien trouver une raison rationnelle et un responsable potentiel, on ne peut pas toujours accuser le gouvernement, quel qu’il soit, j’ai la sensation que les aiguilles de ma montre tournent beaucoup plus vite. D’ailleurs, je ne les regarde plus. J’ai l’impression qu’elles me narguent. Et même la pendule de mon portable et celle du salon semblent être de connivence pour me faire monter en pression. Le maitre du temps a-t-il conscience que quelque chose ne tourne plus rond ? Je crois qu’il s’en fout…
A ma naissance, dans les limbes de la création où dans le grand livre du temps futur, ’on prévoit les naissances pour les décennies avenirs, j’ai signé un contrat a duré déterminé. Sauf que dans les bureaux de ce paradis céleste, la secrétaire, confortablement assise sur son nuage, qui devait se faire les ongles en papotant, avait posé sa tasse de café sur mon papelard. Maladresse qui a taché la date de sortie. Et surtout, comme d’habitude, je n’ai pas lu les petites lignes. Vous non plus ? On sait qu’il faut faire attention et bêtement on fait confiance... Je suis donc entré dans la vie en me basant sur la durée moyenne des autres humains, sauf accident, pour déterminer au pif, la date approximative de sortie, c’est-à-dire celle où je me casserais définitivement la pipe.
Mais dans ce contrat, rien ne précisait la vitesse moyenne et les étapes à franchir. Et là, je me suis fait avoir comme un bleu. Parce qu’aujourd’hui il faudrait que je renégocie le contrat. Si j’ai eu la chance de vivre des vies, amoureuses, professionnelles, familiales… rares et exceptionnelles, juste par comparaisons, oublions les périodes compliquées, pour simplement terminer et mettre sur la table tout ce qu’il me reste encore à faire ou en gestation dans ma tête, il me manque au bas mot, une cinquantaine d’années. Misère! Et là, y’a un schmilblick. Parait que c’est pas possible. Parait que même si le grand patron dans sa grande mansuétude me donnait du rabiot, je serais liquide avant de franchir la ligne d’arrivée. Pas réjouissant la liquidité. Donc, faut que je trouve une autre solution. Et je ne suis pas le seul dans ce cas. J’ai une copine… non une amie, qui a du talent pour quinze et qui en se projetant dans le temps, arrive aux mêmes conclusions ou presque. Et elle, en plus, elle est tellement… que je n’arrive, et que je ne veux surtout pas, l’imaginer liquide avant le clap de fin !
En attendant, mais je vous l’ai déjà dit ! J’ai terminé mon prochain roman « Même après si longtemps ». Comment je ne l’ai pas dit ? Mais si… Hé ! Je sais que c’est les vacances et que tu n’as pas que ça à faire de lire mes bafouilles, mais je l’ai dit ! Bon c’est pas grave je le répète à qui veut l’entendre. De Toute façon, c’est pas d’une importance fondamentale, j’ai terminé d’écrire l’histoire. Il reste encore beaucoup de boulot avant qu’il soit imprimable. Mais l’essentiel est fait. Maintenant il reste aussi des heures de rererelecture, de chipotages, de peaufinage, de détails sur le fond et la forme. Et obligatoirement… des coupes ! De terribles coupes, pour éviter les longueurs pesantes et souvent inutiles qui, surtout dans le gros tiers avant la fin, ralentissent le déroulement et affaiblissent le suspens. Alors il faut couper. Couper quelque fois des passages qui étaient, sortis de leurs contextes, sympathiques, mais n’apportaient malheureusement rien qui n’aient déjà été dit ! Donc Zip… On coupe.
Et Je coupe quoi ? C’est ça la question ? Et bien justement, sur les conseils de ma petite fée, qui est revenue juste pour les vacances se poser sur mon épaule, et qui a récupéré un texte en boule dans la corbeille, je vais vous dévoiler un exemple de ce que j’avais coupé. Et toujours sur les conseils de ma petite fée, juste pour vous, voici un de ces petits morceaux, que vous ne lirez jamais dans mon prochain roman, puisque comme dirait La Palice; je l’ai retiré.
Il est possible, toujours sur les conseils de ma petite fée, que je garde ce petit passage et quelques autres qui se suffisent à eux-mêmes, pour les inclure dans le recueil « Ainsi Va la vie tome II ». On verra. Vous me direz après l’avoir lu. Aller on y va.
……………….
Elle pense à lui. Comme une chanson qui vous trotte dans la tête pour ne plus en sortir, son image, son visage, son sourire, son regard, sa voix, tournent dans la sienne. Elle pense à lui.
Sa présence, même à distance, lui manque. Cette présence qu’elle essaie inconsciemment ou pas, de combler par des stratagèmes ridicules, elle le reconnait, en fermant les yeux et en se masquant le visage des deux mains, ne fonctionnent pas. L’absence, cette lourde et pesante absence, elle essaie d’y pallier, mais les essais sont vains ; elle pense inexorablement à lui. Il lui manque. Il est là, à coté ou en elle. Il est là tout près et pourtant si loin. Elle y pense, il lui manque.
Elle était certaine qu’il l’oublierait. Mais, comme un boomerang ; c’est elle qui ne l’oublie pas. Elle pense à lui. Elle a trouvé tous les prétextes, en se mentant les yeux dans les yeux, pour se convaincre qu’ils n’avaient rien à foutre ensemble.
Elle l’a repoussé, rejeté, blessé même sans le savoir en se cachant une vérité évidente. Blessé mais pas meurtri, il a accepté son choix. Elle avait raison. Il s’était trompé. Erreur de jugement. Il ne se battra pas. Il ne reviendra pas. Mais il ne l’oubliera pas. L’oubli, comme l’abandon, ne sont pas, et n'ont jamais été, dans sa nature.
Même son humour en a pris un coup. Le clown, comme le clame la légende, est devenu triste. Son nez rouge ne fait plus rire personne même pas lui-même. Tant pis c’est la vie.
Tu m’oublieras… Oui, elle savait de quoi elle parlait. Elle avait su en d’autres circonstances, avec d’autres amours, d’autres vents brulants après la tempête oublier. Elle avait su ! Il saura. Et en se basant sur sa propre expérience comme un exemple à suivre, elle lui avait dit : Tu m’oublieras. Tu m’oublieras comme elle était certaine de l’oublier. Sauf que…
Elle se moquera même de cette manière très juvénile qu’il avait eu de lui avouer ses sentiments. Oui elle s’en moquera, seule, face à face avec le miroir de la salle de bain. Et puis beaucoup beaucoup plus tard, quand les regrets auront nappé ce souvenir de brume pour lui donner douceur et relief, elle regrettera, mais toujours sans l’admettre, de n’avoir pas vu, pas senti, pas compris, que cette aspect léger, puéril, fleur bleu presque, empêtré dans une pâteuse maladresse ne relevait que de sa pudeur.
Lui, se relèvera vite. C’est ce qu’elle pensait. Elle s’en était réjouie. Et à bien y réfléchir, aujourd’hui, avec le temps qui est passé, en l’imaginant simplement au bras d’une autre, elle sent monter en elle une pointe de jalousie.
Avec le temps… Tout se tasse, tout s’efface, tout se fige et se glace, au point de ne laisser, que d’infimes traces ou peut-être même pas, tant le vent de l’oubli peut polir la surface où s’étaient gravés les sentiments.
Mais le temps, ne fait parfois rien à l’affaire. Et ce jour-là, après si longtemps, en la voyant de loin, comme on repère une pépite au milieu de centaines de cailloux, en la voyant de loin, mais son cœur avait zoomé pour la fixer en gros plan, il sut qu’il ne fallait pas s’approcher, ne pas revenir, ne pas la déranger. Il savait qu’il sentirait monter en lui une fulgurante envie, dépassant le besoin, de la serrer dans ses bras, de l’embrasser… il savait. Il le su à la seconde même où il la vit.
Et puis, en la découvrant attablée à côté d’un inconnu, il imagina… il imagina bêtement… il imagina jusqu’à sentir dans sa
bouche, le gout amer de la défaite. Défaite d’un combat qu’il n’avait pas mené, défaite mêlée à la sensation douloureuse de la jalousie, quand elle s’incruste jusqu’à la chair en profondes et violentes brulures… d’amour.
Alors sans bruit, comme il avait toujours su si bien le faire, il devint transparent avant, invisible, de se fondre dans la foule.
Il disparut à regret et à tort. Car peut-être imaginait-il trop. Et peut-être même, après si longtemps, qu’elle l’attendait ?
C’est ça aussi les mystères de l’Amour. L’amour qui pour des raisons qu’on ignore, nous pousse à dire…à faire… à se convaincre, du contraire de ce que l’on ressent profondément. Mais quand on aime à ce point, rien n’est jamais fini ! Rien….
La tête vide, il entra dans sa voiture. Puis les mains rivées sur son volant, il hésita à tourner sa clé de contact. Il revoyait les images que son cerveau avait d’abord réduites en plans américains, avant de se focaliser sur son visage. Il tourna la clé et simultanément au moteur, l’autoradio se mit en marche libérant : « Je reviens te chercher » la chanson de Gilbert Bécaud qui remplit l’habitacle et stoppa net son départ, tant les mots de la chanson prenaient tout à coup une autre résonnance. Prêt à partir, il enclencha sa vitesse quand une main toqua contre la vitre de sa portière. Juste le temps de tourner la tête… elle était là ! Avec dans le regard et le sourire tout ce qui ne peut pas s’exprimer autrement !
Ainsi Va la Vie…
Williams Franceschi
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