Ainsi va la vie…. Episode n°248….Et si on le disait avec des fleurs ?...
On peut avoir reçu la meilleure des éducations, poursuivi de brillantes études, suivi un cursus professionnel irréprochable, développer un QI à faire fondre la majorité des canalisations de la boite à neurones les jours de canicule et ignorer la signification des fleurs ! Quel dommage de méconnaitre ce joli ou terrible message qu’elles portent. Ce sentiment qu’elles expriment à l’égard de celui ou celle à qui elles sont destinées. Un message en silences et tout en émotions.
Offrir une fleur et pas n’importe laquelle, ou un bouquet avec un choix précis, ce peut être ; écrire une lettre sans se servir de mots ou composer une symphonie sans diriger un orchestre à mille cordes. Où, et c’est curieux, au contraire, en le dirigeant justement, mais.... de dos et dans l’ombre, en attendant de ressentir les effets brulants de la lumière. La lumière du regard de l’autre quand il pénètre le nôtre avant de nous caresser la peau. Et alors qu’on ne l’attendait plus, recevoir un sourire en guise de merci comme le plus beau des cadeaux.
Bien sûr, nous savons tous ce qu’une rose rouge peut exprimer et l’on imagine aisément le scintillement, les étincelles, dans les yeux de celle qui la reçoit, l’a reçue, ou va la recevoir en plein cœur.
Mais attention, si vous en offrez 12 juste 12 pas une de plus… c’est une demande en mariage !... Vous ne le saviez pas ? Mais si elle, elle le sait…quiproquo peut-être, mais galère assurée. A moins justement que la magie opère et que ces douze roses vous ouvrent une éternité de bonheur.
Et la rose jaune ? Elle permet de féliciter. Ce jaune éclatant peut célébrer une amitié ou une réussite. Mais cette même rose jaune, comme une lettre anonyme, peut prévenir de l’infidélité ou de la trahison. Ce sont les circonstances qui en modifient le sens.
Et la rose blanche alors ? Dans ma mémoire et dans mon cœur, elle est portée par la chanson de Berthe Sylva que je ne peux plus écouter sans que ma gorge ne se noue et le temps ne fait rien à l’affaire. Mais, je me raisonne, même si je considère que les larmes sur les joues d’un homme sont une force pas une faiblesse.
Un jour il faut oublier et passer à autre chose parce que cette fleur a bien d’autres significations et il serait dommage de la cantonner à des instants de douleur ou de mélancolie
Dans sa blancheur, elle symbolise avant tout la pureté, l’innocence, la virginité, mais aussi la bonté, la générosité et la franchise. Si vous souhaitez dévoiler vos sentiments de manière amoureuse sans vous sentir fusillé de toutes parts par la sidération de regards curieux…, la rose blanche, plus mesurée, moins passionnelle en apparence, plus discrète que sa sœur au velours écarlate, ce qui ne veut pas dire moins profonde, est idéale.
La symbolique des fleurs existe depuis la nuit de temps mais ce n’est qu’après la sortie du livre de Charlotte Delatour en 1819 intitulé Le langage des fleurs, véritable bestseller à l’époque qui sera très vite traduit dans presque toutes les langues, que la signification des fleurs s’est popularisée jusqu’à entrer dans les mœurs.
Si la rose est la fleur sentimentale par excellence il y en a bien d’autres à offrir comme un poème qu’on ne sait pas vraiment écrire et qui pourtant nous brule à l’intérieur.
Enfant, sur le chemin du retour de l’école, je cueillais toutes sortes de fleurs à portée de ma main. Qu’elles aient poussées sur un rond-point, sur le bas-côté, dans un jardin privé donnant sur la rue ou entre deux pavés, si bras tendu j’arrivais à les atteindre, je ramassais… J’en cueillais une ou deux par couleur ou par essence pas plus. Et des marguerites aux iris mauve, en passant par le lilas, mon fagot de couleurs sous le bras je rentrais à la maison.
Jamais, ni un propriétaire ni les jardiniers de la ville qui avaient pourtant repéré mon manège ne me firent la moindre réflexion. Ah si, une fois, mais ça devait être un nouveau, un des employés m’avait hurlé :
– Hey ! Ca va pas !? Faut pas cueillir les fleurs !.. elles sont pas à toi !
Et je me souviens lui avoir répondu ; mais je vous passerais sous silence les compléments très fleuris justement de mon langage de l’époque qui pourraient vous écorcher les oreilles et qui avaient paralysé les siennes:
– Elles sont pas à toi… non plus !... et être parti avec ma récolte quand même avant qu’il n’ait vraiment eu le temps de réagir.
Il faut dire, à ma défense, que je ne pillais pas non plus, je prélevais. Les autres employés de la ville, qui au vu de mon accoutrement et de ma bouille devaient certainement me regarder avec des yeux compatissants, n’osèrent jamais la moindre réflexion.
Et puis, très vite, je compris que si mon grand-père trouvait mes fleurs sympathiques, à la longue mes récoltes lui devenaient encombrantes. Oh non il ne me l’a jamais reproché, mais a cette âge déjà, je devais avoir six ou sept ans, si je savais tout juste déchiffrer les lignes dans mes livres d’école et ânonner la liste des commissions, je savais parfaitement lire dans les regards et la moindre inflexion des mouvements d’un visage.
Alors, puisqu’à la maison mes glanages sans conséquences ne faisaient pas l’unanimité et que cette collecte m’amusait toujours je décidais de distribuer mes bouquets, coincés dans la poignée de leur porte à une voisine différente chaque jour. Et, certainement par timidité, je prenais soin de ne jamais être pris en flagrant délit de tendresse.
Mais un jour, alors que je m’apprêtais à glisser mon petit présent dans la poignée de ma voisine du dessous, la porte s’ouvrit. Et Jacqueline, la fausse petite fille de cette voisine me surpris mon bouquet à la main. Petite fille qui avait deux fois mon âge et presque deux fois ma taille, mais que je trouvais bien jolie avec ses longs cheveux de sirène qui lui coulaient dans le dos jusqu’à la taille.
– Qu’est-ce que tu fais avec ces fleurs ?
– C’est pour toi !
Je me souviens de son sourire et de cette façon de s’accroupir pour être à ma hauteur, et de cette manière si douce de me tirer vers elle avant de m’embrasser sur la joue. Il y a parfois des mensonges spontanés qui brillent tellement plus fort que la vérité.
– Pour moi ?
– Oui, pour toi !
– Ho ! Merci, c’est tellement gentil. Mais tu sais ce que ça veut dire quand un garçon offre des fleurs à une fille ?
Et là je me souviens de ma réponse comme si c’était hier :
– Oui ! … ça veut dire qui sait pas quoi en faire.
Et sur ces mots, comme on claque une porte, je lui avais tourné les talons et filé chez moi, juste au premier étage…
Ha ! Les fleurs…. J’aime toutes les fleurs des pissenlits aux chardons.
Elles sont jolies, belles, au charme fou, envoutantes, inoubliables, elles ont toutes quelques choses d’inexplicables, des courbes, des couleurs, une odeur …. Une odeur ? Non un parfum ! Un parfum au souvenir enivrant … juste un parfum. Parfum de la passion, du regret à la limite du remord, un parfum d’amour. Quelles soient sauvages ou cultivées, un jardin sans fleurs n’est pas un jardin… même le plus secret
Aujourd’hui, si j’offre souvent des fleurs, je les cueille très rarement. Je me contente de les écouter pousser et j’immortalise l’instant en photos plutôt que de les voir, elles sauvages et habituées à la liberté mourir à petit feu dans un vase ridicule. Les fleurs des champs c’est comme les poissons rouges, elles ne sont pas nées pour tourner en rond dans un bocal sans horizon mais pour embaumer l’espace, colorer nos champs et discuter avec les abeilles.
Ainsi Va la Vie….
Williams Franceschi
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