Ainsi Va la Vie… épisode n°158 Ma fée à Saint MALO
– Ho ! Ma petite fée ! T’as l’air toute essoufflée ?... en plus, t’es toute mouillée.
– Je reviens de St Malo.
– Il pleut à Saint Malo ?
– Non. J’ai pris une vague dans les ailes en atterrissant. Une erreur de mon GPS interne. Je devais me poser sur une digue face à la mer et à un mètre près plouf ! J’ai raté ma cible Et une grosse vague en a remis une couche !
– Tu te sers d’un GPS ? Elles sont dans le coup les fées dis-donc aujourd’hui.
– Meuh non. J’ai dit GPS pour faire plus djeuns. En réalité pour des distances comme ça ; je me téléporte. Et j’y suis en quelques millisecondes.
– Et qu’est-ce t’es allée faire à Saint Malo ?
– Y’a un grand festival du livre… sur le voyage. Et surtout y’a Sophie qui dédicace.
– Sophie ?
– Et l’aut’ qui joue l’innocent, celui qui sait pas…
– ….
– Sophie Turco ! On en a parlé la semaine dernière et de son roman « Voyage au pays de l’Oudjat ». Que même tu ne t’étais pas aperçu qu’elle était très jolie !
– Ha ! Tu vois.
– Quelle mauvaise foi les mecs. En plus quand ils mentent c’est gros comme une maison.
– Mais je ne mens pas, j’ai rien dit.
– C’est pire. Tu t’enfonces tu t’enfonces tu t’enfonces…. Fais gaffe sous ton bureau y’a des sables mouvants. Bon peu importe.
– Tu l’as vu ? Tu lui as parlé ?
– Ha ! Tiens ça t’intéresse tout à coup ? Mais pourquoi je t’en parlerais ? Puisqu’elle t’indiffère. Hein ! Pourquoi ?
– Bien sûr ! bien sûr ! Ben oui je l’ai vue. Je t’ai même rapporté une photo. Ho ! Tes yeux ! C’est drôle tout à coup comme tu es pressé de la voir… pour quelqu’un qui ne s’est même pas aperçu qu’elle était jolie !
– Je ne me suis intéressé qu’à son talent.
– Bien sûr, bien sûr. Elle aussi d’ailleurs.
– Quoi elle aussi ?
– Elle aussi…comme toi… elle ne s’intéresse qu’à ton talent.
– Alors, tu lui as parlé ?
– Non. Elle ne peut ni m’entendre, ni me voir. Enfin sauf si je voudrais.
– Si je voulais.
– Oui bon, c’est pas grave ; voudrais voulais tout’ façon je veux pas.
– Et pourquoi tu veux pas ?
– Je vais lui faire peur.
– Y’a pas de raisons.
– Y’a pas d’raisons, y’a pas d’raisons. Tu sais l’effet que ça fait de voir une fée?
– Oui !
– Mais Toa ? T’as l’habitude. Mais imagine qu’elle soit en train de dédicacer et que je me pose là ! Juste sur le bureau devant elle ?
– Oui
– Et je lui dis : « Bonjour Sophie, je suis Line la fée de Williams je viens te faire un p’tit coucou ! »
– Et alors ?
– Soit, elle pense qu’elle a des visions et qu’il faut qu’elle consulte de toute urgence…
– Soit ?
– Soit elle tombe dans les pommes. Et comme y’a jamais de pommes pour amortir le choc dans ce genre de salon, bing ! Elle s’affale sur le carrelage.
– Non ?
– Si !
– Tu crois ?
– Mais je crois pas Redeguuu !!! J’en suis sure.
– Donc, tu l’as vue ?
– Oui je l’ai vue. Elle dédicaçait son livre à une dame et y’avait trois corsaires derrière elle.
– Trois corsaires ?
– Oui trois. Enfin trois fantômes de corsaires.
– Ben oui des vrais. En chair et en os. Enfin si l’on peut dire comme ça pour des fantômes.
– Tu les a vus ?
– Ben oui quelle question, bien sûr que je les ai vus.
– Des fantômes de pirates ?
– Non de corsaires. Mais c’est pas mieux. Et les trois-là derrière elle ; pas des rigolos. Des durs à cuire. Des plein de balafres… à côté d’eux Jack Sparrow c’est un enfant de cœur.
– T’as une vie trépidante pour une fée ?
– J’te l’fait pas dire ! En tout cas y’a un monde fou dans ce salon en plus des fantômes.
– Tu l’as connu Surcouf ?
– Non. La mer c’est pas trop mon secteur. La mer c’est un domaine d’activité exclusivement réservé, presque un monopole, aux sirènes.
– Et ?
– Et, je suis pas très copine avec les sirènes. Elles sont vaches. Elles chantent. Elles font les belles avec leurs queues zing ! Zing ! Zing ! Mielleuses et tout et tout ! Pendant que les marins sont attirés par leurs charmes, ils ne voient pas les récifs et schbing ! Ils écrasent leurs bateaux sur les rochers ! Les sirènes font naufrager les plus téméraires.
– Pas sympa les sirènes.
– Meuh ! Faut se méfier. Mais les hommes sont crédules. Dans la vie aussi y’a des sirènes. Tout aussi pires que les sirènes des mers… Elles, elles font naufrager des amoureux sincères.
– Ho ! Tu m’étonnes. D’habitude tu es plus compressif.
_ Compressif?
_ Non! Compréhensif...
– C’est vrai, mais enfin, une sirène ça reste une sirène faut ouvrir les yeux.
– Et fermer les oreilles ? Pas si simple. Justement parce que c’est gros comme un château hanté que c’est un piège à cœur les sirènes.
– Un piège à cœur ?
– Un piège à cœur avant d’être un piège à con ! C’est ça que tu voulais m’entendre dire ? Ben je l’ai dit. Mais j’aime pas parce que… Mais toi aussi t’es tombé sous le charme d’une sirène ?
– …..
– Pas qu’une d’ailleurs.
– …..
– Tandis qu’avec une fée…Un fée c’est plus….
– C’est plus ?
– Oui ! C’est plus ! Même si ça n’a pas toujours le corps d’une sirène. On dit une fée du logis jamais une sirène d’intérieur… preuve que… Y’a même des fées qui n’ont pas officiellement le statut de fée et qui le mériteraient.
– T’en connais?
– Tout plein.
– Comme qui ?
– Et l’aut’ ! Tu veux pas non plus que je te fasse une liste ?
– Pourquoi pas ?
– Meuh ! Parce que si j’en oublie y’en a qui vont se vexer…
– C’est la seule raison ?
– Non mais parce que …! Môssieur a besoin que je lui ouvre les yeux ? Ben j’ai pas envie ! Un point c’est tout.
– T’es toujours jalouse !
– Pas… du …. Tout ! T’façon la jalousie, quand elle ne devient pas maladive, est une preuve d’Amour.
– Ben ! T’es jalouse
– Nan ! Men fout !
– Et tu vas ou maintenant que tu m’as fait plein de taches d’eau sur le bureau ?
– Bouuuuu… Tu chipotes. Trois petites gouttes de rien du tout.
– Si tu retournes à Saint Malo ? Dis-lui bonjour de ma part à Sophie.
– Et puis quoi encore ?
– Fais lui un gros bisou ! Tu sais un gros bisou schmack ! En prenant sa pommette entre tes mains.
– Nan !...
– Quelle râleuse.
– Puisque c’est comme ça ; Je retourne voir mes fantômes de corsaires.
– Bon voyage.
– Au fait, t’as joué dans un film de pirates Toa ?
– Dans plusieurs. Mais joué… joué ? Juste de la figuration améliorée pas de quoi en faire un plat !
– Ha ouaaaais !... je m’en souviens.
– T’es bien la seule. Et c’est pas plus mal.
– Avec ton turban et ton pantalon tout déchiré… le torse nu tout luisant de transpi…
– C’était de l’huile.
– M’en fous. T’était vach’ment. Humm, j’aurais bien joué la fiancée du pirate moa !
– Bon, on en était où ?
– Ha j’t’aimais bien en pirate. T’étais…
– …Jeune !
– Ho ! Le prince des mots a joué aussi le prince des flots.
– C’est gentil mais stop !
– Ça va, ça va, j’arrête… je retourne voir Sophie. Mais t’étais vach’ment…
– Stop !
– Ho ! Malpoli ! Je vais lui dire à…
– …à personne !
– T’as pas une photo de toi en pirate ?
– Même pas.
– Dommage. Bon j’ai compris tu veux pas que je parle ?
– Tu parles trop.
– D’accord. Au fait, tu veux la faire la compil ?
– Non le recueil.
– Oui le recueil des chroniques où je suis avec toi ?
– Je t’ai déjà répondu la semaine dernière.
– Et t’as pas changé d’avis ?
– Non !
– Non ?
– Non !
– Alors je vais leur dire avec qui tu sortais quand tu jouais les pirates.
– NON !!!
– Si…. Si si si et si ! C’était une belle très belle actrice.
– Tu vas te taire ?
– Tu l’as fais cette compil avec moi ?
– Donc môssieur qui jouait les pirates sortait avec une superbe blonde qui…
– Tu vas te taire ?
– Tu l’as fait cette compil ?
– On va réfléchir !...
– Ha ! Tu deviens raisonnable.
– Dis, tu ne serais pas issue d’un croisement fée sirène à bien y réfléchir ?
– Non, je suis très femme dans mon cœur de fée.
Tendrement, elle lui saisit la pommette gauche à deux mains, y posa un long baiser qui claqua d’un scintillant Schmack ! Lorsqu’elle en relâcha la peau prise en ventouse sous ses lèvres.
– Merci. Tu es un ange.
– Non, une fée. Juste une toute petite fée. Bon j’y vais.
– Où ?
– A saint Malo ! Je vais vérifier le charme de la concurrence.
– Tu te fais des idées ?
– Bien sûr, bien sûr… en tout cas je vais demander aux trois corsaires qui l’entourent de veiller sur elle.
– Mais c’est des fantômes.
– Justement ils sont discrets et très efficaces les fantômes Môssieur ! Les fantômes c’est comme l’amour les plus grands sont toujours invisibles parce que comme l’amour l’important ce n’est pas de le voir mais de le sentir. Meme loin, même après longtemps.
Ainsi Va la Vie
Williams Franceschi
Photo de Sophie Turco avec: Jean Teulé, Erik Orsenna, et Jaques Gamblin
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