Ainsi Va la Vie... épisode n°143 : « Voyage de quatre jours dans L’AUTRE FESTIVAL d’Avignon »
Jeudi 14 Février, 4h45. La fée qui se pose habituellement sur mon épaule les jours de doute et les autres selon son humeur ; n’est pas encore réveillée. Sinon, la connaissant, elle me demanderait d’une voix blanche en se frottant les yeux : « Qu’est-ce que tu fais debout à cette heure ? ». Et elle aurait raison.
C’est vrai qu’en temps normal j’ai le réveil un poil plus tardif. Mais aujourd’hui c’est le départ pour Avignon et une immersion pendant quatre jours dans un nouveau festival du livre.
Sauf qu’habituellement les nouveaux festivals…bon !? Non non j’ai rien dit ! Mais un festival dont les ambitions et l’envergure atteignent ce stade c’est rare très rare. Lorsque Dominique Lhotte m’en a parlé ; avouons-le j’étais effrayé et subjugué. Plus de 160 invités écrivains, célébrités, journalistes repartis sur trois hôtels et en plus des dédicaces un nombre incalculable d’événements le tout sur quatre jours. Quel courage. Waouh !... Vue de loin et même de prêt c’est au niveau de la minutie de l’organisation l’usine à gaz ! La grosse usine à gaz. Ou t’as fait horlogerie suisse en première langue vue la finesse des rouages ou t’as fait cascadeur chez Remy Julienne à la grande époque parce que la gamelle risque d’être douloureuse. C’est gonflé mais Etrangement je suis confiant et même très enthousiaste.
Et pourquoi j’y vais à ce festival? D’abord parce que comme dirait Lapalisse on m’y a invité. Ça c’est une raison valable. Et pour le plaisir des rencontres bien sûr, nouvelles ou retrouvailles. Impossible d’interviewer tout le monde alors on va se laisser porter, carpe diem et juste s’obliger une rétrospective quotidienne accompagnée de quelques photos afin de vous tenir au courant et si vous êtes dans les parages de vous inciter à m’y rejoindre.
En attendant je me suis levé plus tôt parce qu’il va falloir que j’abandonne mes personnages d’encre et de papiers à la page d’hier soir et qu’il me restait quelques idées à jeter avant de les oublier.
Après un peu plus d’une heure de route, ce n’est pas le bout du monde, j’entre dans la Cité des Papes et comme de bien entendu je ne trouve pas l’hôtel ; pourtant… Au premier feu rouge je m’adresse à un motard sur ma gauche. C’est une motarde. Elle soulève sa visière. Je reconnais ce regard d’un bleu exceptionnel. « Williams !... » Elle se prénomme Sylvia. On ne s’est pas revue depuis in aeternam. Elle était correspondante de presse on couvrait les mêmes concerts. La fulgurance de la surprise et la force de l’émotion sont palpables... On va… Mais le feu passe au vert. Juste un signe de main. J’ai la tête ailleurs et je présume qu’elle aussi. Néanmoins je ne suis pas plus avancé sur l’adresse exacte de l’hôtel. Normal il est juste en face sur l’autre voie. Il suffisait d’ouvrir les yeux.
Presque 14h. Dans le grand hall du Novotel ça grouille déjà dans tous les sens. Dominique m’a équipé du sésame obligatoire; l'accréditation: Le badge « Presse » et les premières rencontres se multiplient alors que les invités et l’amie que j’attends apparait au milieu du premier groupe devant sa valise roulante. Aujourd’hui pas de dédicaces juste une rencontre et une lecture en fin d’après-midi avant le cocktail de bienvenue.
Deux heures à perdre. Evelyne Dress propose une balade ou plutôt la visite de quelques antiquaires. On parle de tout, de rien, des films qu’elle prépare, des choses de la vie, du temps qu’il fait, du temps qui passe, du temps qu’il reste, de notre amitié. Et puis on s’arrête pour boire un chocolat. Il était temps parce que ; qu’est-ce qu’elle marche vite la gazelle… Même terrasse à la table d’à côté l’auteur et metteur en scène Jacky Katu et la comédienne Fabienne Babe, qui vient de tourner dans « Que le diable nous emporte » de Jean Claude Brissot, s’installent et une discussion s’ouvre sur deux évènements : La lecture de la pièce « Forever » par Fabienne Babe et une table ronde où ils participeront tous les trois et moi invisible pour les photos et l’article.
Retour au Novotel où Anny Duperey assistée d’Henri-Jean Servat se raconte et converse avec un public nombreux et ravi. La salle est comble. Je relève une phrase en réponse à un spectateur qui lui demande quelles sont les qualités requises pour réussir aujourd’hui ?
Sincérité Mémoire … et chance ! Et avec ce sourire complice qui rajoute de la sincérité justement à son charme elle complète par :
- Et j’oubliais : 50% de passion et 50% de désinvolture.
En suivant, dans la même salle, Danielle Evenou reprend le flambeau. En théorie pour une lecture mais c’est son sens de l’improvisation qui domine durant cette heure de communion ou les zygomatiques jouent à plein régime.
19h passé. C’est déjà l’heure du cocktail. Avec Evelyne on a vite gouté un peu à tout du bout des lèvres et obtenu deux marques pages avec nos photos grâce à une boite magique qui photographie et imprime…
Trois petits tours et puis s’en vont. C’est magnifique mais c’est pas mon truc. Je m’y ennuie. Parler debout un verre à la main même avec des gens très intéressants… Bon ! Je prends congé de mes amis, j’ai de la route à faire. En rentrant il faut trier les photos et si possible bâtir un article court et percutant à publier vers 9h demain au plus tard.
Sur le retour je me remémore quelques instants notables de cette demi-journée. Entre autre la rencontre avec Gilles Brancati Laurel Geiss en compagnie de René Mestrallet qui m’apprend qu’elle lit mes chroniques, c’est toujours agréable à entendre et puis le visage de Sophie Turco qui dédicacera seulement le 16 à qui j’ai promis un passage sur son stand. Sans oublier les yeux de Sylvia sous son casque et puis les expressions, les regards, les grimaces, les sourire d’Evelyne pour ponctuer un mot ou une réflexion.
La circulation est fluide. Et sur la route de Marseille, voie rapide avant la sortie d’Avignon, au feu rouge alors qu’il passe au vert, la voiture qui me devance se déporte violement pour éviter un véhicule abandonné devant elle. J’essaie d’en faire autant mais la distance est trop courte. Boum ! Je percute l’arrière de la voiture à l’arrêt. Merde ! Il fait nuit. Je sors mais je suis seul. La conductrice revient elle était occupée de l’autre côté de la route par des gens qui se battaient.
Constat, perte de temps et ma bagnole pas mal abimée (7000 euros de réparation). Elle reconnait qu’elle n’aurait pas dû s’arrêter et abandonner sa voiture. Ça me fait de belles jambes. Je garde mon calme. Ma voiture roule, pas la sienne. Je reprends la route un poil contrarié. C’est la vie et puis ce n’est que de la tôle froissée. Restons positif. Pas vraiment zen mais positif.
Vendredi 15 Février. Avant de partir j’ai envoyé mon article et complété des oublis sur le constat. J’ai mal dormi et quelques muscles dans le dos se rappellent à mon souvenir. Ce doit être les contractions avant ou pendant le choc. Je prends ma petite voiture, une chance d’en avoir deux, l’autre roule mais on verra après l’expertise.
Il fait un temps radieux un ciel de rêve et une température printanière… Rude concurrence pour le festival et pourtant le public est présent dès le matin et les dédicaces vont bon train. Smaïn y va de son humour. Nathalie Gendreau juste à côté de lui, qui présente deux superbes livres mais traitant de sujets graves, même sous le sceau du roman, a bien du mal à garder son sérieux. Michèle Torr après une causerie assistée d’Henri-jean Servat dédicace vite fait quelques bouquins et deux photos avant de disparaitre tandis que Smaïn lui, continue. Continue d’amuser la galerie et à jouer avec les visiteurs en laissant croire qu’aujourd’hui les livres sont gratuits.
Quand je vois la liste des évènements je me dis qu’il est impossible de s’ennuyer. Au détour d’une table mon oreille est accrochée par les propos d’une interview. La voix qui m’enchante est celle de Viviane Serard. Si elle écrit aussi bien qu’elle en parle ; ses livres sur les fées sont à n’en pas douter un enchantement. Elle m’apprend entre autre que la fée Viviane symbolise la vie, la fée Morgane la mort et que Mélusine est une fée du Poitou… Ce soir ou demain quand je vais raconter ça à la mienne de fée assise sur mon épaule, elle va me la jouer colère, boudeuse et jalouse.
Sur la terrasse de la piscine le temps d’une cigarette avec Daniel Mesguich nous parlons cinéma et théâtre. Avec humour il balance. Gentiment mais fermement il balance sur quelques camarades qu’il dit aimer quand même. Dimanche il fait une lecture de l’Arlésienne d’Alphonse Daudet et comme une réplétion il me joue quelques personnages en reprenant les voix, les intonations, les mimiques … Instant rare, comme un privilège merci Monsieur. Bravo Daniel.
Les heures mangent les heures comme de vulgaires minutes. On se retrouve déjà à table. Je déjeune avec Evelyne et en face de Luciano Melis, éditeur, agent, écrivain, rencontré la veille et le tutoiement s’est imposé d’office. On aurait pu parler de son livre : « L’arbre philosophe » mais non, on parle de tout avec délice. Si le temps ne nous était pas compté nos échanges dureraient l’après-midi entière sans lassitude.
Ce soir, c’est soirée de gala ! La journée fut courte est intense depuis hier et les crispations avant et pendant le choc j’ai mal partout. Je compose mais je suis naze. A mon grand regret je n’y participerais pas. Je vais rentrer tôt ! Enfin pas avant 22 heures… il faut absolument que j’arrive à me décontracter ; que je dorme.
Samedi 16 février Le public venu encore nombreux se bouscule gentiment dans les allées du hall du Novotel malgré la concurrence persistante du beau temps. Aujourd’hui de nouvelles célébrités ; Patrick Poivre d’Arvor, Francis Lalanne, Thierry Beccaro, Mylène Demongeot et quelques autres dédicacent et participent à des tables rondes, conférences ou lectures.
J’attendais avec impatience de revoir Mylène Demongeot. Même si je lui ai consacré de nombreux articles notre dernière rencontre physique date de... longtemps. Je me doute que j’ai dû disparaitre depuis dans les limbes de ses souvenirs. Elle vient d’arriver, on me prévient. Son accueil est à son image ; délicat, gentil, attentionné. La voix est toujours la même, le regard mutin, le sourire tendre et moqueur. On aurait pu parler de son livre «La vie c’est génial» ou de cinéma ; on parle Lévothyrox et de tous les effets secondaires que les modifications de ce médicament entrainent sur son organisme. Et comme je l’accompagne au restaurant pour déjeuner ensemble on parle de pates à l’encre de seiches.
Je n’ignore rien ou presque de sa vie et de sa carrière depuis « Les sorcières de Salem » jusqu’à « Camping » et elle le sait donc on parle d’autres choses. Elle me gratifie de mots gentils je suis touché très touché. Non je n’ai pas disparu de sa mémoire. J’ai envie de faire une photo avec elle et puis timidité ou pudeur, je lui donne rendez-vous pour plus tard, dans l’après-midi. Vous pensez que j’aime cette femme ? Vous vous trompez ; je l’adore.
Je suis dans un angle de la salle principale et j’observe. J’observe tout, je sens et je ressens. J’observe tous ces auteurs attablés derrière leurs livres. Un visage dans la lumière se dégage. Lumineux. Edith Rebillon. Je la photographie et On parle de son livre « 49 ans et demi », de son passage chez Michel Drucker, de ses rendez-vous hebdomadaires avec Jean D’Ormesson… Et c’est Spirou et Marsupilami qui nous entrainent sur la terrasse.
Tout à coup je me souviens avoir promis de passer sur le stand de Sophie Turco et je m’y précipite avant d’oublier. Son livre « Voyage au pays de l’Oudjat » que je n’ai pas lu juste feuilleté, tient dans sa poésie d’Alice au pays des merveilles. Elle est prof de philo et ce qui me fascine c’est la douceur au-delà du charme et de la beauté qui se dégage de son visage. Il y a des choses qui vous traversent et ne s’expliquent pas. Je prends quelques photos, elle m’offre son livre…belle rencontre. Il s'est passé quelque chose n'inexplicable... les mystères de la vie.
15heures une navette m’emmène avec Evelyne Dress et Jacky Bornet retrouver Fabienne Babe, Jacky Katu, René Kraus et Tito Topin au palais des papes pour une table ronde sur « Les mots au cinéma ».
Les points de vues sur l’importance du scénario en général et des dialogues en particulier qu’ils convergent ou s’opposent sont passionnants et constructifs. J’avoue, et dans cette petite chronique j’ose donner mon avis, que le cinéma sans dialogues construits, à part pour quelques rares exceptions n’est pas ma tasse de thé. J’aime les dialogues. Même si des films comme ceux de Sergio Léone se jouent sur l’image et la musique, je reste amoureux des beaux dialogues. Mais à l’instant où je les écoute mon gout et mon opinion importent peu. Evelyne Dress, qui passe un temps fou sur le moindre détail d’une scène et peaufine jusqu’à l’extrême la justesse d’un mot dans une phrase ou un dialogue partage mon avis.
Je viens de boire les paroles Tito Topin comme un élève absorbé curieux et admiratif. Tito Topin c’est principalement un scénariste de séries télés et en particulier la série Navarro dont il écrira 117 épisodes. Tout me plait dans sa manière d’écrire et de décrire ; de la personnalité à la couleur de ses personnages, des mulets aux rôles secondaires et sa façon de tendre le fil conducteur de ses histoires. Avant lui je n’étais pas un admirateur de Roger Hanin, même dans les films d’Arcady. Après lui j’ai aimé Navarro.
Une navette noire aux portes arrières coulissantes nous attend devant les marches du palais pour nous ramener à l’hôtel. Je me hisse à l’arrière en serrant ma main droite, non pas dans la poignée prévue à cet usage mais par erreur, autour du montant de la porte avant et… bing ! La passagère ferme violemment sa porte ! Sur mes doigts. J’en perds l’équilibre. Sur l’instant juste une douleur sourde et puis peu à peu l’impression que j’ai un cœur qui bat au bout de chaque phalange. Coup de chance c’est les articulations qui ont morflé pas les ongles ! Ça s’est joué à quelques millimètres. Plus on avance plus ça me lance. Elle me demande si j’ai mal ? Mon non non ça va ! Pour ne pas l’inquiéter je me surprends moi-même. Evidemment qu’elle ne l’a pas fait exprès alors à quoi bon la miner avec mon bobo.
Retour au Novotel où surprise la place d’Evelyne a été attribuée pendant son absence à Francis Lalanne. Pas contente l’Evelyne. Même avec des yeux plus noir que noir elle ne perd rien de son charme, ceci dit…. Mais Dominique réagit au quart de tour et règle le problème. Elle lui donne une place encore plus stratégique; celle qu’occupait Patrick Poivre d’Arvor qui ne reviendra plus. Ouf !
C’est vrai qu’il peut y avoir eu quelques ratés imperceptibles mais dans l’ensemble : Quelle super organisation. Dominique, Catherine et toute son équipe méritent un grand Bravo !
On la croise partout super Dominique réglant le moindre problème ; d’une chambre pas prête au ticket de parking qui ne fonctionne pas… partout. À croire que ; soit elle détient le secret de la téléportation soit elle est la sœur cachée de Speedy Gonzales.
Dimanche 17 mon dos ne me fait plus souffrir mais mes doigts me lancent ; preuve que les douleurs ne s’additionnent pas mais que la plus violente prend le dessus et fait oublier les autres. Dans la vie il y a bien souvent des portes qui se ferment quand on s'y attend le moins, parfois sur l'amour, parfois sur l'avenir parfois le cœur en souffre jusqu'au bout des doigts. Je n’ai pas pris mon badge de presse, j’ai laissé mon chapeau au portemanteau, je me suis habillé en djeuns blouson et jean. Je porte des lunettes et je retourne au festival en visiteur lambda. Je suis curieux de voir le staff autour de François Hollande.
Avant de repartir, seul, assis sur les marches du palais, je pense à ces quatre jours formidables et pas ordinaires et à cette petite chronique qu'ils m'ont permis de vous concocter et à ma manière de lire un livre ; la même que vous certainement.
J’entre dans un livre comme on entre dans une salle obscure. Au fil des pages le texte devient images et comme au cinéma ces images écrivent l’histoire.
Ainsi Va la Vie
Williams Franceschi
Photos :
Williams Franceschi
Guillaume Samama
Sophie Vernet
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