MAURANE.... Plus scène que jamais
Concert du festival de la chanson française
MAURANE
Salle du bois de l’Aune … Aix en Provence.
Pour Patricia Pélissié et son staff ; le concert de MAURANE, c’était le gros morceau. Pas le plus difficile à organiser mais certainement le plus compliqué à gérer.
J’accroche une mini caméra sur mon chapeau et je vais essayer de vous faire vivre cette soirée comme si vous y étiez : En «backstage» comme on dit aujourd’hui, «côté coulisses» comme on dit encore quand on a franchi allègrement les hautes plaines de la cinquantaine.
J’arrive en avance devant la salle de spectacle. Au moment de pénétrer dans le parking le vigile me demande mon badge. «Mer… mon badge… qu’est-ce que j’en ai fait ?… on me le demande jamais ce pendentif. Tout le monde me connait… pas le vigile évidement». Il a raison, il fait son boulot. Patricia m’ayant prévenu qu’il y avait un cocktail j’ai mis un costume et une cravate... Aux yeux du vigile ça m’aide un peu, il me détaille et puis me laisse entrer dans l'espace parking réservé mais exige que je retrouve mon badge et que je lui présente après m’être garé… Introuvable le rectangle de plastique magique. Je m’approche du portail de sortie et... Coup de chance ! Gérard, le mari de Patricia est là, je l’aborde, le vigile me regarde et me redétaille des pieds à la tête, un vrai scanner, puis il détourne son regard… Sauvé… je m’échappe ! Parfois l’habit fait le moine.
Dans le hall d’entrée je distingue mon amie Sophie Vernet « The Photographe ». Elle m’attend. Ouf juste dans les temps. Je salue tous les amis que je reconnais et Patricia nous convie à rejoindre le cocktail tandis qu’une main secourable me tend un badge, celui que j’avais perdu l’avant-veille lors du concert d’Olivier Beranger.
Super cocktail dressé pour les invités VIP, les sponsors, et quelques amis avant le spectacle. Patricia s’affaire ; elle jongle, elle speede, elle passe d’un groupe à l’autre, s’informe, interroge et distribue à chacun de ses convives un mot gentil ou rassurant, confie, convie, honore, tend un verre ou un plateau de petits fours, donne des consignes elle maitrise parfaitement et incroyable garde toujours le sourire. Super women a du se mettre des piles neuves. Elle ne s’arrête jamais. Je ne sais pas combien de kilomètres elle a pu parcourir. Je vais lui offrir une montre avec GPS pour qu’elle se rende compte.
Sophie Vernet picore et tourne en rond. Dieu sait qu’elle a déjà couvert un nombre incalculable d’évènements musicaux et photographié une quantité incroyable d’artistes, mais ce soir…c’est le Graal ! Maurane c’est son idole. Elle, qui comme moi, déteste le mot Fan et tout ce qu’il représente, qui n’a jamais compris ce fanatisme, avec Maurane Schbing ! Elle est tombée dedans.
La photographe Muriel Despiau nous rejoint. Mauvaise nouvelle : Maurane ne sortira pas de sa loge. Pas de photos, pas d’interviewes…Rien ! J’ai cru que Sophie allait tomber dans les pommes. Par chance dans la salle du cocktail, il n’y avait aucun tas de pommes pour amortir la chute… Sophie est donc restée debout. Ébranlée mais debout.
Je n’y crois pas ! Ca ne correspond pas à l’artiste, à sa générosité, à ce qu’on sait d’elle et ce qu’elle dégage. Sophie m’interroge comme si j’avais un don de divination: «Tu crois que c’est vrai ?» Ma réponse est sans fondement avéré mais rassurante je lui affirme ce que je crois que: « C’est une connerie ! Bien sûr que tu vas la voir ! » Sophie me sourit. Je lis dans son regard qu’elle me fait confiance mais sans être convaincue. Je connais Maurane, je connais même Claudine, mais Sophie ne le sait pas, je l'ai suivie, je l'ai défendue surtout a ses débuts, quand on aime on se trompe rarement sur la force du cœur de ceux qu'on aime.
Patricia est appelée a placer ses invités avant que les portes ne s’ouvrent. On la prévient qu’il y a trop de monde dans le hall qu’il faut ouvrir. La salle se remplit. Très vite elle est bondée. Sophie brave cette marée humaine pour aller s’installer debout au bord de la scène. La salle déborde. Patricia décide de rajouter des chaises entre la scène et le premier rang. Très vite elles sont prises d’assaut. Je la rejoins et quand la vague retrouve le calme Sophie m’indique un siège libre derrière elle… Et le spectacle commence.
Formidable accueil du public. Première chanson, ovation et puis Maurane parle, plaisante, joue avec son public et il en sera ainsi durant deux heures. Deux heures où elle tanguera entre des monologues chargés d’humour et des chansons. Maurane fait un show pas un concert ! Elle sourit, elle grimace, elle rit, elle vit et elle meurt dans un couché de projecteur sur fond bleu nuit où elle entre dans la peau de l’oubli, la perte de repères, et des souvenirs. Elle incarne Annie Girardot puis elle en parle avec beaucoup de pudeur et d’émotion. Mais elle parle de ceux atteints par la maladie. C’est fort, poignant, pathétique, et gorgé d’amour. Gorgé d’amour, à son image, comme elle comme Maurane.
Elle se donne, elle donne, elle ne s’économise pas. De lourdes gouttes de sueurs perlent sur son front, mouillent sa nuque, et finissent par se suspendre à la pointe de ses cheveux. Elle continue de nous surprendre et de nous émouvoir. Elle va cueillir certaines notes très haut mais surtout elle les maintient longtemps comme si les mots devenaient funambules sur un fil invisible tendu haut, au-dessus de la voûte de la salle et ça ne craque pas … ça passe !
Fantastique, elle danse, elle porte en filigrane ou distinctement l’espoir, l’amour, la vie… Il y a dans son sourire souvent mutin tant de malice, parfois tant de force, de fragilité, de douleurs inavouées… Oui elle est forte Maurane très forte ! Elle est aussi particulièrement jolie. D’une beauté tout en douceur qui nous donne envie de l’aimer et de l’aimer encore et bien plus que nous ne l’aimons déjà.
Son show s’inscrit parmi les plus beaux qu’il m’ait jamais été donné de voir et d’entendre. Mais ne serais-je pas un rien parti-pris ? Certainement ! Car ce n’est pas seulement son show qui est exceptionnel c’est Maurane qui est unique.
Après des rappels qui n’en finissaient plus et un final grandissime tellement original… Fin du concert.
La salle lentement se vide. Et dans le hall les mêmes qu’au début attendent la sortie de l’artiste pour un autographe, une photo. Mais n’était-il pas dit qu’elle ne signerait pas… qu’elle ne répondrait pas… qu’elle ne remercierait pas a cause de son état de santé…
ERREUR !... et je suis ravi pour Sophie.
Maurane rejoindra le hall et restera plus d’une heure à répondre aux questions, se prêter aux photos, à dédicacer. Nous échangerons d'abord des regards, des regards complices comme si le bonheur de se revoir pouvait s'exprimer comme un parfum qui nous napperait de son odeur envoutante de souvenirs et quels souvenirs! Et puis, évidement, ce contact tactile et les mots...pudeur et discrétion, juste pour se rappeler mais avions nous besoin de parler ? Pas sur...
Maurane, elle est exactement comme je l'avais connue il y a plus de 30 ans et comme je l’imaginais aujourd'hui …FORMIDABLE !
Bravo l’artiste
Williams Franceschi
Photos: Sophie Vernet
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