Articles et chroniques

Le temps ne fait rien à l’affaire. Les proverbes ont souvent raison. On se dit; il faut laisser le temps au temps… peu à peu… Tout passe, tout s’efface… des amours fugaces aux amours profonds. Je finirai par oublier.

Et te voilà à regarder dans le vague. Tes yeux se perlent de flou. Et si on te demande à quoi tu penses, tu réponds, le regard pétillant et le sourire en coin : « A rien ». A rien, mais pas à personne. Et personne n'en saura rien. Ni a qui.

Mais que s’’est-il passé de si fort ? De si tendre, de si violent, de si déchirant, de si extraordinaire et de si inexplicable, pour que le manque prenne autant de place ?

Etrange. C’est étrange les sentiments qui peuvent te faire palpiter ou serrer le cœur en moins d’une seconde à la simple vision d’un visage, d’un sourire, à la musique d’une voix, ou l’odeur d’une peau que tu perçois comme un parfum.

On finit toujours par oublier, c’est ce qu’on se dit. C’est ce qu’on croit. Mais pour l’instant, ton superman de poche s’est pris les pieds dans sa cape et un coin de moquette et s’est vautré dans l’escalier. Il vole de travers. Il a perdu sa force. Il ne fera plus tourner la terre à l’envers pour rattraper le temps perdu.

Et toi, tu ne joues plus les stars, rien que pour lui, en fredonnant une mélodie d’amour ou tu lui dis « Je t’aime » à ta manière à ta façon, une brosse en guise de micro devant la glace de la salle de bain

Tu ne joues plus non plus, les pin-up à moitié nue, devant la glace de la penderie. Toujours rien que pour lui, sachant qu’il ne te voyait pas.

Tout vous lie. Rien ne vous sépare.

L’amour. Qu’il soit : Virtuel, épistolaire, à cœur, à corps, à distance, dans l’urgence, de passion, en discrétion… ou dans la chaleur des frissons avant le souffle chaud des soupirs du plaisir. L’amour le vrai, le grand, qu’on croyait minuscule. Celui auquel on n’a pas cru et auquel on ne croit toujours pas. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, l’amour, ça ne s’oublie jamais. Même en jurant qu’on finira par l’oublier.

L’amour s’est souvent compliqué mais jamais impossible.

Williams Franceschi

Photo: Sophie Vernet