Ainsi Va la Vie… épisode n°89 « Le taulier »
Certains d’entre vous ont semblé étonnés que je ne réagisse pas au décès de Johnny pour preuve vos petits messages, délicats mais interrogatifs…
D’abord, je suis en deuil de mon père depuis peu et la mort de Johnny ne fait que s’ajouter à ma peine. À croire que, comme pour beaucoup d’entre nous, cet homme-là faisait partie de ma famille.
Ensuite les media à juste titre, et tant de personnes ; fans, admirateurs ou simples spectateurs lui ayant ou lui rendant encore hommage à chaque seconde depuis que nous avons appris le triste nouvelle j’avais l’impression que dans l’immédiat les mots et l’émotion que je pourrais humblement rajouter ne servaient pas à grand-chose. Mais vous semblez me dire que je me trompe, alors voilà !
Pour l’avoir imité à mes débuts, et ensuite durant une dizaine d’année sans jamais m’en moquer mais en rentrant dans le personnage pour délaisser la parodie au profit de la performance vocale j’ai aimé Johnny. Je dirais même plus: Il m’a fasciné.
Vous dire que sa mort m’affecte est loin de la réalité. Je suis debout mais effondré.
« Le taulier »
Ça y est le taulier a mis les clés sous la porte. Tout le monde s’y attendait mais personne n’y croyait. Derrière les carreaux on voit que le bureau est bien rangé. Il reste juste dans l’atelier un chantier en cours, presque terminé. Son dernier.
67 ans qu’il bossait dont 57 à son compte. Un sacré mec le taulier. Un mec à part diront certains. On l’aimait ou pas, mais ceux qui ne l’aimait pas étaient rares, très rares. Jusqu’au bout il aura suscité l’admiration. Et même après son départ il restera longtemps, très longtemps : l’Exemple. Le maitre ! Le boss avec qui, ceux qui ont eu la chance de travailler ont la bouche remplie d’éloges autant sur l’homme que sur le professionnel, et ceux qui n’ont pas eu cette chance des regrets à jamais.
Un mec à part dans ses excès et sa démesure parce que c’était un homme à part dans l’excellence.
Suis-je triste ? Evidement ! Même tellement plus que ça. Il est toujours trop tôt pour tirer sa révérence et celle-là plus que toute autre. Je n’ai pas ressenti un tel vide depuis Brel.
Non je ne l’ai pas personnellement connu. Du moins si je considère avec humilité qu’échanger trois mots, quelques poignées de mains, et faire tinter deux verres dans des soirées bruyantes et sans âmes ce n’est pas connaitre, juste croiser. D’ailleurs, qu’aurais-je bien pu lui raconter qui n’aurait pas été d’une grande banalité. Mais plus que tout nous avons échangé des regards. Non pas des regards furtifs ; des regards qui vous scannent jusqu’au plus profond du vécu.
Merci Johnny !
Ainsi va la vie
(A suivre…)
Williams Franceschi
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